Sida : le prix des traitements

Les 10 et 11 octobre 2002 s'est tenue à Genève la troisième session du Conseil d'Administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. A Genève toujours, les 10 et 11 décembre, les membres de l’OMC ont essayé de dégager un consensus sur les brevets.
Les accord

Par Isabelle Huau et Françoise Nourrit, le 30/01/2003

La « guerre du sida »

Le Brésil : un exemple à suivre

La « guerre du sida » a commencé en Afrique du Sud. À Durban, en juillet 2000, où les malades réclamaient avec force l'accès aux traitements antiviraux pour tous. Puis Pretoria, avril 2001. Les trente-neuf firmes pharmaceutiques, qui intentaient un procès pour empêcher l'Afrique du Sud de commercialiser à bas prix des médicaments, finissent par abandonner la procédure. Une autre victoire au Brésil : les Etats-Unis retirent leur plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Brésil peut continuer à fabriquer des médicaments 70% moins chers et à pratiquer sa politique de distribution gratuite. Puis en Inde, le laboratoire Cipla propose une trithérapie quarante fois moins chère qu'en Occident... L'espoir renaît, les positions commerciales bougent.

Moins chers mais encore trop chers

Les effets de la compétition des médicaments génériques.

Depuis ces premières victoires, près de soixante pays – dont quarante sur le continent africain – ont engagé des pourparlers visant à leur permettre à court terme un accès aux trithérapies ainsi qu'aux médicaments indispensables pour traiter les infections dites opportunistes, c'est-à-dire associées à l'infection par le virus du sida. Quarante-neuf pays ont déjà obtenu des accords avec des fabricants leur permettant de bénéficier de réductions notables sur le prix des médicaments : Burkina Faso, Burundi, Gabon, Ethiopie, Madagascar, Mali, Maroc, Niger... Selon l'Onusida, une trithérapie dont le coût annuel moyen était de 12 000 dollars en 1996 peut être proposée aujourd'hui à 350 dollars par an (proposition de la firme indienne Cipla à Médecins sans frontières, MSF).

Quelles sont les difficultés rencontrées pour permettre l’accès aux médicaments à tous ? Pierre Chirac, pharmacien

Mais, malgré les substantielles baisses de prix, les médicaments sont toujours inaccessibles à la majorité des 42 millions de personnes infectées. Des fonds supplémentaires sont indispensables pour permettre l'accès à ces molécules mais aussi pour aider à mettre en oeuvre une réelle politique de dépistage et d'information.

Fonds mondial

C'est le sens de l'initiative lancée par Kofi Annan, secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (Onu), pour la création d'un fonds mondial pour la santé et le sida. Finalement ce fonds, qui concerne aussi le paludisme et la tuberculose, a été officiellement installé en janvier 2002. Il a reçu 2 milliards de dollars et a attribué ses premiers financements en avril 2002. Les projets concernant le sida ont obtenu 60% des crédits alloués qui serviront majoritairement à l’achat de traitements antirétroviraux.

Mais pour MSF, il y a urgence et cela ne suffit pas. « L’Union européenne a même prévu de diminuer de 50% les faibles ressources qu'elle devait allouer pour ce fonds en 2003 », mettait en garde l’Organisation dans un communiqué du 28 novembre 2002.

La route est longue, d'autant qu’il faut compter avec d’autres obstacles, comme la nécessité d’établir des dispositifs de suivi et un réseau de soins…

Isabelle Huau et Françoise Nourrit le 30/01/2003