Régénération des neurones : la fin d'un dogme ?

S’il a longtemps été admis que les neurones, contrairement aux cellules du foie ou de la peau, ne se reproduisaient pas, des observations chez l’animal et chez l’homme ont bouleversé ce dogme en apportant la preuve que les cellules nerveuses pouvaient, elles aussi, se renouveler.

Par Isabelle Bousquet Maniguet, le 09/11/2001

Les neurones se multiplient

Réseaux de neurones

En 1998, des chercheurs suédois et américains apportent la preuve que des neurones sont capables de se renouveler dans des cerveaux humains adultes.

Ce résultat, qui ne fait que confirmer ce qui avait déjà été observé chez les animaux, remet en cause l'idée classique selon laquelle chaque individu disposerait d'un stock limité de cellules nerveuses qui diminuerait au fil des années.

Canari à sa fenêtre

Dès 1985, des chercheurs montrent que le canari perd un certain nombre de neurones à l'automne et qu'il les renouvelle au printemps.

Avantage : c'est ce qui lui permet d'apprendre de nouveaux chants chaque année.

Fabriquer de nouveaux neurones

Comment de nouveaux neurones peuvent-ils être produits chez l'adulte? La réponse arrive en 1999 avec l'identification par une équipe suédoise de cellules souches dans le cerveau de la souris adulte, puis dans le cerveau humain. Les cellules souches neuronales peuvent produire des neurones, mais aussi d'autres types de cellules (cellules sanguines, cellules du muscle squelettique…).

Depuis, les travaux se multiplient pour tenter de comprendre comment ces cellules donnent naissance aux neurones. L'objectif est de taille : si l'on sait orienter et stimuler ce processus, on maîtrisera la multiplication des neurones.

Remplacer les neurones morts

On sait que la mort des neurones est au cœur des maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, Huntington). La thérapie cellulaire, qui consiste à remplacer des cellules disparues par des cellules saines, pourrait donc être une voie prometteuse pour freiner le processus pathologique de ce type de maladies.

Réponse de Pierre-Marie Lledo, directeur de recherches au CNRS

 

La thérapie cellulaire ouvre-t-elle vraiment la voie à de nouveaux traitements prometteurs ?

Les greffes de neurones fœtaux sont déjà à l'essai chez des parkinsoniens depuis une dizaine d'années et plus récemment chez des patients atteints de la maladie de Huntington, avec des résultats plutôt encourageants : les neurones greffés peuvent s'intégrer dans les réseaux endommagés.

Mais l'accès à des cellules embryonnaires est limité pour des raisons pratiques autant qu'éthiques.
La solution pourrait donc venir des cellules souches neuronales découvertes chez l'adulte.

Au laboratoire, les chercheurs sont capables d'isoler ces cellules souches, de les cultiver et de les faire devenir des neurones. Mais de là à remplacer des neurones morts dans le cerveau de patients atteints d'une maladie neurodégénérative, il y a encore du pain sur la planche.

Réponse de Pierre-Marie Lledo, directeur de recherches au CNRS

 

Quel est le principal obstacle à l'utilisation, à des fins thérapeutiques, des cellules souches neuronales trouvées chez l'adulte ?

Isabelle Bousquet Maniguet le 09/11/2001