Dépressions et psychotropes

Allant de la simple démoralisation au désespoir le plus profond, les dépressions peuvent etre d'intensité variable. Elles sont liées à une perturbation des phénomènes chimiques au niveau du cerveau. Il est important de ne pas passer à coté d'une dépression car des médicaments existent pour la transgresser.

Par Isabelle Huau, le 04/02/2002

Record hexagonal

La consommation de psychotropes en France est de trois à quatre fois plus élevée que dans n'importe quel pays d'Europe. Environ 11% des Français prennent au moins une fois par semaine et pendant au moins six mois un médicament psychotrope. Peut-on en déduire une indication sur l'état de santé mentale des Français? Ou bien, détecte-t-on mieux les dépressions en France que dans les autres pays? Ou encore que l'efficacité de ces médicaments induit leur banalisation?…

Quand le cerveau est triste

On ne connaît pas encore les causes exactes de la dépression mais un certain nombre de facteurs ont été identifiés :
– facteurs personnels : certains types de personnalité sont plus fragiles;
– facteurs liés à l'environnement tels que solitude, chômage, deuil, séparation…;
– facteurs génétiques : il pourrait y avoir une prédisposition à la dépression;
– modification dans le cerveau de certaines molécules telles que la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline…

Quand plus rien ne compte

Contrairement à la tristesse normale ou au chagrin causé par la perte d'un être cher, la dépression est une tristesse persistante et profonde, sans raison apparente. Qu'elles soient majeures ou mineures, les dépressions sont toujours caractérisées par un certain nombre de signes :
– manque d'intérêt et de plaisir pour toutes les activités;
– troubles du sommeil : envie incessante de dormir ou au contraire insomnies;
– perte de l'appétit;
– et toujours une grande fatigue.

Parfois les dépressions sont difficiles à reconnaître car elles sont masquées par des plaintes hypocondriaques (une angoisse permanente d'être atteint de toutes sortes de maladies). Elles peuvent également être cachées par un changement de caractère et cela sans être accompagnées de plaintes dépressives.
En France, de 6 à 10% des hommes et de 12 à 20% des femmes souffrent d'une forme quelconque de dépression durant leur vie, et des études indiquent qu'aux États-Unis, pas moins de 20% présentent de sérieux symptômes dépressifs à un moment ou un autre de leur vie.

Des molécules qui aident

Le principal psychotrope prescrit lors d'une dépression est l'antidépresseur.
La première classe d'antidépresseurs mis sur le marché sont les Imipramiques tel l'Anafranil. Bien que très efficaces, ils ont été abandonnés depuis la découverte d'autres molécules ayant moins d'effets secondaires. Il s'agit des inhibiteurs de la recapture de sérotonine qui permettent de prolonger les effets de ce transmetteur. Le plus connu étant le Prozac.

Dans certaines formes de dépressions dites récurrentes ou dans les psychoses maniaco-dépressives (alternance de phases d'agitation et de phases de dépression), on peut être amené à utiliser des médicaments dits “régulateurs de l'humeur” tels que le lithium, Tégretol… Ceux-ci, prescrits parfois toute la vie, sont indiqués pour prévenir les rechutes. Leur mécanisme n'a jamais été élucidé mais leur efficacité est indéniable.

En plus des antidépresseurs qui constituent le traitement essentiel de toute dépression, d'autres catégories de psychotropes peuvent être utilisés :

– des anxiolytiques tel que Lexomil, voire des neuroleptiques sédatifs type Tercian pour les anxiétés les plus graves;

– des hypnotiques en cas d'insomnies type Stilnox . Le traitement par les antidépresseurs dure en moyenne six mois car l'interruption trop rapide favorise les rechutes et récidives.

Des paroles qui aident

Lorsque le patient présente une amélioration de son état grâce aux psychotropes, on peut lui proposer divers types de psychotérapies. Outre les méthodes d'inspiration analytique, psychothérapie et parfois même analyse classique utilisées depuis longtemps, de nouvelles méthodes ont vu le jour et sont en vogue actuellement. Par exemple l'hypnose ericksonienne ou certaines thérapies cognitives.

Isabelle Huau le 04/02/2002