Médecine « en bref »

le 24/03/2003

La maladie de Creutzfeldt-Jacob a du nez

Pour la première fois, des chercheurs italiens ont détecté la présence du prion responsable de la forme sporadique de la maladie de Creutzfeldt-Jacob dans l’épithelium nasal. Leur analyse a été effectuée chez neuf patients décédés de la maladie. Ils ont également retrouvé le prion dans la zone du cerveau chargée du système olfactif. Cette découverte pourrait permettre la mise au point d’un test de dépistage. Pour l’instant, la forme sporadique de la maladie ne peut être diagnostiquée qu’après la mort du malade.
Source : New England Journal of Medicine, 348-8, 711-719, 20 février 2003.

Rythme cardiaque troublé par un gène

Une équipe franco-américaine vient de découvrir un gène responsable du trouble cardiaque le plus fréquent : la fibrillation auriculaire. Ce gène code une protéine, appelée ankyrine B, localisée dans la membrane du muscle cardiaque, qui régule les échanges d’ions à travers celle-ci. Pour identifier ce gène, l’équipe a travaillé sur 64 personnes d’une même famille présentant une fibrillation auriculaire et des cas de morts subites à l’effort.
Source : Inserm, Nature 42, 634-639.

La toxine du bacille du charbon contre le cancer

Des chercheurs du Maryland ont transformé la toxine du bacille du charbon pour qu’il ne prenne pour cible que les cellules qui expriment l’urokinase, une enzyme fabriquée en grande quantité par les cellules cancéreuses. 12 heures après avoir été inoculé à des souris ayant des tumeurs, la toxine ne s’est attaquée qu’aux cellules cancéreuses. Après deux traitements, 88% des fibrosarcomes et 17% des mélanomes avaient disparu. Reste à prouver que cette toxine modifiée est aussi efficace sur l’homme.
Source : Proceedings of the National Academy of Sciences , 100, 2, 657-662

“L'impuissance féminine“ : un mythe créé par l'industrie

Selon le BMJ, le “dysfonctionnement sexuel féminin“, censé toucher près de 43% des femmes, ne serait qu’une pure invention de l’industrie pharmaceutique dans le but de créer un nouveau marché lucratif, comme celui du Viagra proposé aux hommes. Si l’insatisfaction ou l’indifférence sexuelle existe chez certaines femmes, rien ne prouve qu’il s’agit d’une maladie.
Source : British Medical Journal, vol.236, p.45

Cellules-souches d'embryons de souris pour rats malades

La régénération de cœur de rats victimes d’attaques cardiaques, par injection de cellules-souches embryonnaires prélevées sur des souris, a été obtenue par l’équipe du biologiste français Michel Pucéat du CNRS, à Montpellier. Cette technique pourrait offrir une alternative de remplacement à la greffe de myocarde actuellement préconisée dans les cas de lésions cardiaques graves, à condition d’être autorisée par le Conseil d’État.
Source : Afp Sciences n°1375

Thérapie génique : essais suspendus aux États-Unis

Un deuxième bébé-bulle traité par thérapie génique à l’hôpital Necker (Paris) ayant déclaré une maladie proche de la leucémie, les autorités sanitaires américaines (FDA) ont décidé d’interrompre, par précaution, une trentaine d’essais, notamment dans les domaines du cancer et du sida (pour plus d’informations : interview du professeur Alain Fischer, responsable de cet essai, dans la question d’actualité “ Thérapie génique : espoirs en suspens ? “).
Source : Food and Drug Administration (FDA)

Cellules-souches d'embryons porcins et humains pour souris

La régénération de reins de souris par injection de cellules-souches d’embryons humains et porcins a été obtenue par l’équipe du Pr Yaïr Reisner, de l’Institut Weismann, près de Tel-Aviv. Les reins ainsi engendrés sont en bon état de fonctionnement, produisent de l’urine et n’ont pas provoqué de phénomènes de rejet.
Source : Afp Sciences n°1375

Des souris schizophrènes

Des souris privées de protéines STOP (Stable Only Polypeptide) - protéines qui stabilisent les microtubules du système nerveux central - présentent des troubles sévères du comportement comparables à ceux de patients schizophrènes (hyperactivité, repli sur soi, etc.). Ces troubles sont améliorés par un traitement chronique avec des neuroleptiques (utilisés pour soigner la schizophrénie chez l’homme). Il s’agit du premier modèle animal de la schizophrénie. Cette souris offre donc des possibilités nouvelles pour tenter de mettre au point des médicaments contre une maladie qui touche près de 2% de la population.
Source : AFP Sciences n°1372

Peste de puce

Deux chercheuses de l’Institut Pasteur ont découvert que le bacille de la peste, Yersinia pestis, se “perfectionne” dans l’estomac de la puce de rat où il acquiert des gènes de résistance au contact des nombreuses bactéries présentes dans cet organe. Chez les puces, en trois jours, 30% des bactéries d’une souche de la peste sensible à la streptomycine sont devenues résistantes à l’antibiotique, et 95% d’entre elles au bout de quatre semaines.
Source : Molecular Microbiology (novembre 2002)

Enceinte pendant 46 ans…

Une Marocaine âgée de 75 ans a porté un fœtus de 3,7 kg pendant 46 ans. Décédé après 9 mois de gestation, le fœtus, niché dans l’abdomen de la mère, s’est recouvert au bout de quelques années d’une couche de calcaire. La grossesse abdominale est l’une des formes de grossesses extra-utérines. Généralement, celles-ci aboutissent à des malformations, voire à la mort du fœtus ou de la mère.
Source : l’Événement médical, AFP

Une nouvelle tactique contre les TOC

Suite à la stimulation par électrodes de la zone cérébrale impliquée dans le contrôle des mouvements (noyau subthalamique, NST), deux patients atteints de la maladie de Parkinson ont vu, outre l’amélioration des troubles moteurs, une nette réduction des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Ces résultats, obtenus par l’équipe d’Yves Agid et Luc Mallet de l’Unité Inserm 289 « neurologie et thérapeutique expérimentale » montrent que le NST jouerait également un rôle dans les fonctions psychologiques. Si cela se confirme, l’électrostimulation de cette zone cérébrale pourrait représenter une nouvelle forme de traitement pour les personnes atteintes de TOC et résistantes aux traitements usuels.
Source : The Lancet, 360, 9342, 1302 (25 octobre 2002)

Les statines réduisent les risques d'infarctus

Menée pendant cinq ans auprès de 20 536 personnes âgées de 40 à 80 ans, une étude montre que la prise quotidienne d’un médicament anti-cholestérol de la famille des statines réduit de 18% le risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. Et ce, même si ce risque n’est pas lié à un taux de cholestérol élevé. Ces résultats montrent pour la première fois les effets préventifs d’une prise quotidienne de statine.
Source : The Lancet, 360, 9326, 7

Des cellules souches réparent la rétine

En injectant des cellules souches issues de la moelle osseuse dans des yeux de souris, des chercheurs du Scripps Research Institute à La Jolla (Californie) ont réussi à guérir les animaux atteints de rétinopathie diabétique et de dégénérescence maculaire. Ces cellules appelées EPC (Endothelial precursor cells) réduisent la détérioration vasculaire en formant de nouveaux vaisseaux sanguins. Les chercheurs espèrent maintenant que cette technique donnera des résultats similaires chez l’homme.
Source : Nature Medecine
(septembre 2002), DOI:10.138/n°744 (29 juillet 2002)

Un nouveau médicament anti-VIH

A Barcelone, lors de la 14e Conférence internationale sur le sida, le laboratoire Roche a présenté les résultats des tests de phase III menés sur l’homme d’un nouveau médicament anti-VIH, le T-20.
En Europe, 37% des patients traités avec du T-20 associé à une trithérapie ont vu leur charge virale baisser jusqu’à un niveau jugé indétectable au bout de 24 semaines, contre 16 % pour des patients qui suivaient seulement une trithérapie.
Source : Laboratoire Roche

Sursis pour le virus de la variole

La destruction des derniers échantillons de virus de la variole conservés dans des laboratoires américains et russes vient d’être remise à une date indéterminée. L’Organisation mondiale de la santé estime en effet que, face à une menace bioterroriste, davantage de recherches doivent être entreprises sur le virus pour développer un éventuel nouveau vaccin. Disparue depuis 25 ans, la variole est le premier – et le seul cas – d’éradication complète d’une maladie à l’échelle mondiale.
OMS : www.who.int

le 24/03/2003