Lutte contre la tuberculose : un nouveau dispositif mondial

Actuellement, environ 2 milliards d’êtres humains, soit un tiers de la population, sont infectés par le bacille tuberculeux et plus de deux millions en meurent chaque année. Ce qui pourrait faire oublier que cette maladie infectieuse est guérissable. La coalition “Halte à la tuberculose“, dont font partie l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mondiale, a lancé un nouveau dispositif mondial et appelle les gouvernements à augmenter leur participation.

Par Isabelle Huau, le 23/11/2001

Une urgence mondiale

Accroche du site “Halte à la tubercuose“.
Carte des pays les plus touchés par la tuberculose.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, la tuberculose devient si rare dans les pays industrialisés (grâce à la vaccination, aux traitements et à l’amélioration de l’hygiène) que les gouvernements cessent de la considérer comme une menace et réduisent les programmes de lutte.

Mais, dans les années 80, la maladie réapparaît. Cette résurgence est due principalement à l’épidémie de sida (les patients séropositifs courent dix fois plus de risques de développer une tuberculose active), aux conditions de vie qui se détériorent pour une partie de la population et à l’immigration accrue en provenance de pays toujours gravement touchés. En effet, dans les pays en voie de développement, la tuberculose n’a jamais été maîtrisée.

A l’échelle mondiale plus de 80% des malades vivent dans les pays pauvres et principalement dans vingt-deux pays. Au total, environ 16 millions de personnes souffrent de la maladie (tuberculose active).

Une maladie contagieuse

“Mycobacterium tuberculosis“

C’est une maladie due à la bactérie Mycobacterium tuberculosis (bacille de Koch, nom du médecin qui le découvrit en 1882).

Elle existe sous différentes formes mais la forme pulmonaire reste la plus fréquente et aussi la plus contagieuse. Le malade peut transmettre la maladie en toussant, en éternuant ou en crachant : les bacilles peuvent rester actifs dans l’air pendant plusieurs heures.

Le malade contagieux doit donc être soigné en priorité. En absence de traitement, la moitié des personnes atteintes de tuberculose meure dans les deux à cinq ans.

Une stratégie efficace

Une stratégie, connue sous le nom de DOTS (Directly Observed Therapy, Short-course treatment ou Traitement de courte durée sous surveillance directe), mise au point en Tanzanie dans les années 80, est recommandée depuis le début des années 90 par l’OMS. Cette stratégie fait appel au personnel de santé pour soutenir les patients et veiller à ce qu’ils prennent leur traitement jusqu’à la guérison complète, élément clé pour éviter de voir se multiplier des souches résistantes.

Le prix du traitement varie entre 10 et 40 euro et sa durée est de six à huit mois. L’accessibilité de cette stratégie est essentielle, particulièrement en Afrique, car on espère d’une part guérir les cas de tuberculose et, d’autre part, organiser les infrastructures de santé en vue de la distribution des médicaments antiviraux nécessaires pour le traitement du sida.

Il faut rappeler que la tuberculose frappe particulièrement les personnes vivant avec le VIH. Jusqu’à 50% d’entre elles développent la tuberculose qui est l’une des principales causes de mortalité chez ces malades.

Actuellement seule une personne sur cinq souffrant de la tuberculose active a accès aux traitements. Les taux de guérison, avec la startégie DOTS, sont deux à trois fois plus élevés que pour les malades qui n’y ont pas accès et les pharmacorésistances sont trois fois moins nombreuses.

La tuberculose résistante

Un patient qui n’a pas été traité correctement ou qui a interrompu prématurément son traitement risque de développer une tuberculose résistante à un des antituberculeux de base, ou multirésistante – forme de résistance à deux antituberculeux.

Des foyers ont été identifiés, principalement en Russie où les prisonniers sont particulièrement touchés, dans les pays Baltes mais aussi dans l’Etat de Delhi (Inde) et en République Dominicaine (Grandes Antilles).

Dans le cas des multirésistances, les traitements classiques sont inefficaces. Il faut alors utiliser des traitements dits de deuxième ligne, beaucoup plus chers (environ 8 000 euros le traitement), prix qui les rend inaccessibles à de nombreux pays. On estime à 50 millions le nombre de personnes infectées par une des formes de résistances. Développer l’accès à la stratégie DOTS, en surveillant la prise de médicaments, permet de prévenir les résistances aux médicaments et, à long terme, de réduire l’importance de la maladie.

Un vieux vaccin peu efficace

Le vaccin actuellement disponible, le BCG (bacille de Calmette et Guérin, une souche vivante atténuée de Mycobacterium bovis) n’est pas assez efficace. Il permet de prévenir les formes graves de la maladie chez les jeunes enfants (80% d’efficacité) mais ne protège l’adulte qu’à 50%.

Un dispositif mondial prévoit de développer cette recherche et également la recherche de nouveaux traitements qui seraient plus courts et donc plus faciles à respecter, ainsi que des traitements pour mieux soigner les malades infectés par le VIH et la tuberculose.

La maîtrise de la tuberculose est possible. Il faut s’en donner les moyens : il faudra 9,3 milliards de dollars pour mettre ce plan en œuvre et il en manque encore 4,5. D’après l’OMS, d’ici 2020, 200 millions de personnes développeront la maladie et 35 millions en mourront si aucune amélioration n’est apportée.

Isabelle Huau le 23/11/2001