Thérapie génique

Introduire un ou des gènes dans le noyau de la cellule afin de guérir une maladie, tel est le principe de la thérapie génique. Cette technique permet de s’attaquer directement aux causes de certaines maladies plutôt que d’en traiter les symptômes. Si le concept est simple, les difficultés de mise au point freinent considérablement sa mise en pratique.

Par Isabelle Huau, le 05/02/2002

Un "gène-médicament"

Dans le cas d’une maladie génétique dans laquelle un gène est défaillant et ne remplit plus son rôle (fabriquer des protéines), il s’agit d’apporter le "gène-médicament", c’est-à-dire le gène normal, au noyau de la cellule. Pour cela, on utilise ce que l’on appelle un vecteur dans lequel on insère le "gène-médicament".

Les vecteurs : des problèmes à résoudre

Un vecteur est un transporteur capable de franchir toutes les barrières biologiques, en particulier les membranes des cellules et du noyau. Les vecteurs les plus utilisés sont les virus rendus inoffensifs dans lesquels on insère le gène médicament. De nombreuses recherches sont réalisées pour trouver le vecteur idéal…

Principaux types de vecteurs :

  • Les rétrovirus (virus de la leucémie de la souris, par exemple) ne sont efficaces que sur des cellules qui se divisent. Une fois dans la cellule, le matériel génétique du rétrovirus s’intègre au génome. Ainsi, au fur et à mesure des divisions, le nouveau gène est transmis. Cette catégorie de
  • Les adénovirus (virus responsable du rhume, par exemple) fonctionnent sur des cellules qui ne se divisent pas ou peu comme les cellules musculaires ou les neurones. Le "gène-médicament" qu’ils transportent ne s’intègre pas au génome de la cellule. Inconvénient : son action est limitée dans le temps : les cellules traitées par l'adénovirus sont parfois la cible du système immunitaire qui les reconnaît comme corps étrangers et tente de les éliminer. Aussi faut-il parfois recommencer l'opération.
  • Les liposomes sont fabriqués artificiellement : ce sont des micro-capsules dont l’enveloppe graisseuse ressemble à la membrane des cellules. Ainsi peuvent-ils fusionner avec les membranes cellulaires et libérer le "gène-médicament". Ils présentent moins d’inconvénients que les virus (ils ne contiennent pas d’éléments susceptibles de provoquer des réactions immunitaires) mais ils sont moins efficaces qu’eux.

Les techniques :

Il existe à l’heure actuelle plusieurs protocoles de thérapie génique.

  • Prélever des cellules du malade, intégrer le gène (en plongeant les cellules dans une solution contenant les gènes par exemple). Puis, on réinjecte les cellules au malade.
  • Introduire directement le gène-médicament dans les cellules du malade. Il peut être directement inhalé par aérosol (dans le cas de la mucoviscidose) ou injecté (dans le cas de certains cancers).

Les premiers résultats de la thérapie génique :

A ce jour, une seule grande victoire de thérapie génique par l’équipe d’Alain Fisher (France) :

  • Des “bébés-bulles“ atteints d'une grave maladie génétique les privant de toutes défenses immunitaires sont soignés par thérapie génique, deux ans plus tard, ils mènent une vie normale. De nombreux essais sont en cours (phase 1). Des résultats encourageants ont été obtenus pour l’hémophilie et la myopathie de Duchenne. La majorité des essais concerne le cancer (62%).

Isabelle Huau le 05/02/2002