Grippe du poulet : état d'alerte maximum

Fin février 2004, une dizaine de pays asiatiques – dont la Chine – sont officiellement touchés par le virus de la grippe aviaire (type H5N1). Pour l'heure, malgré les craintes de l'OMS, l'émergence d'une pandémie de grippe humaine n'est pas à l'ordre du jour.

Par Chantal Le Restif, le 11/02/2004

22 morts en Asie

A Hô Chí Minh-Ville, le 18 janvier 2004...

Ayant franchi la barrière d’espèce, l’épidémie de grippe aviaire a déjà provoqué le décès de quinze personnes au Viêtnam et sept en Thaïlande, toutes en contact direct avec des volatiles contaminés ou infectés.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé qu'à ce jour, il n'y avait pas de preuve de la transmission entre humains du virus de la grippe aviaire. Et ce, malgré un cas troublant survenu dans une famille vietnamienne où trois personnes sont décédées.

100 millions de volatiles abattus

Selon l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), la source principale de virus se trouve dans les fientes, les plumes et les poussières souillées par les déjections d'oiseaux infectés. C'est en inhalant ces poussières que l'homme peut être contaminé à son tour.

C'est pourquoi près de cent millions de volatiles, selon l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), ont été abattus dans les élevages de la région (Thaïlande, Viêtnam, Indonésie et Pakistan) afin d’éviter au maximum les risques de contamination vers l’homme.

Une récente étude menée en France a montré, par ailleurs, que le risque de contamination à partir de la consommation de viandes ou d’œufs infectés était « faible, voire négligeable ».

L'Union européenne a suspendu les importations en provenance de ces pays jusqu'à ce qu'une étude indépendante faite par la FAO ne donne son feu vert.

En 1997 à Hong-Kong, c’est un virus du même type qui fut à l’origine d’une première alerte internationale d’aussi grande ampleur.

Des chats aussi...

En Thaïlande, le virus H5N1 a été détecté chez une panthère et deux chats. Tous trois sont morts. Un tigre blanc, qui avait aussi contracté la maladie, ''est maintenant guéri'', a déclaré Therapol Sirinaruemitr, vétérinaire à l'université Kasetsart de Bangkok qui a pratiqué les tests sur les animaux.

''C'est la première fois dans le monde que la grippe aviaire est détectée chez des félins'', a-t-il précisé lors d'une conférence de presse. Cependant, le doyen de la faculté vétérinaire de la même université s'est voulu rassurant en ajoutant que ''la possibilité d'infection humaine par les chats était très faible''.

Trouver un vaccin au plus vite

Publiées le 5 février sur le site Internet de la revue américaine ''Science'', deux études du virus de la grippe de 1918 (qui avait causé la mort de 40 millions de personnes dans le monde) ont montré que celui-ci avait peu muté par rapport à sa forme aviaire originelle.

Là réside toute l'inquiétude des experts : peu de changements sont nécessaires pour qu'un virus de la grippe aviaire se transforme en un virus facilement transmissible à l'homme.

C'est pourquoi la recherche d'une parade vaccinale est d'ores et déjà lancée et ce, même en l'absence de tout risque immédiat. Onze sociétés pharmaceutiques ont proposé de s’unir pour trouver un vaccin humain contre cette grippe aviaire. En sachant qu'au moins quatre mois seront nécessaires pour qu’une production de masse soit disponible.

Chantal Le Restif le 11/02/2004