Nobel de médecine 2010 : la fécondation in vitro à l’honneur

Le Comité Nobel a décerné au Britannique Robert Edwards le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur la fécondation in vitro, qui ont abouti à la naissance de Louise Brown en 1978.

Par Cécile Michaut, le 06/10/2010

Lutter contre l'infertilité

Robert G. Edwards, en compagnie de Louise Brown, entourée de son fils et sa mère

Des millions de parents sont directement concernés par le prix Nobel attribué à Robert Edwards le 4 octobre 2010. Ce Britannique de 85 ans est en effet le « père » de la fécondation in vitro (FIV), qui est à l'origine d'environ 4 millions de naissances dans le monde. Le premier « bébé-éprouvette », Louise Brown, est née le 25 juillet 1978 et est aujourd'hui elle-même maman d'un garçon de trois ans, conçu naturellement. Quatre ans plus tard, le 24 février 1982, le même exploit est réalisé par une équipe française avec la naissance d'Amandine.

Qu'appelle-t-on fécondation in vitro ?

La fécondation in vitro résulte de la rencontre des gamètes (ovocyte et spermatozoïdes) en dehors du corps de la femme, au laboratoire. Plusieurs embryons sont ensuite transférés dans l'utérus de la femme. Depuis le début des années 90 une autre technique a vu le jour. L'ICSI (Intra Cytoplasmic Sperm Injection) consiste à injecter directement un spermatozoïde dans un ovocyte. Cette technique est préconisée lorsque les spermatozoïdes sont incapables de féconder l'ovocyte spontanément ou lorsqu'ils sont trop peu nombreux pour réaliser une fécondation in vitro classique.

Des lapins aux humains

Ovocytes et spermatozoïdes sont mis en contact au laboratoire

Lorsque Robert Edwards s'intéresse à la fécondation dans les années 1950, les chercheurs savent déjà féconder des ovocytes de lapine en éprouvette. « Il s'est avéré que les ovocytes humains ont un cycle de vie très différent de ceux des lapins, explique le Comité Nobel. Edwards a fait plusieurs découvertes fondamentales. Il a clarifié la manière dont les ovocytes humains se développent, comment les différentes hormones régulent leur maturation et à quel moment ils sont sensibles à la fécondation par le sperme. Il a également déterminé à quelles conditions le sperme était activé et avait la capacité de féconder l'ovocyte. » En 1969, premier succès : un ovocyte humain est fécondé au laboratoire.

Restait cependant un problème majeur : l'ovocyte fécondé arrêtait son développement après s'être divisé une seule fois. Pour Edwards, si les ovocytes pouvaient subir une maturation dans les ovaires avant d'être prélevés, la fécondation in vitro fonctionnerait mieux. C'est là qu'intervient le gynécologue britannique Patrick Stepoe, co-découvreur de la FIV, mais mort trop tôt (en 1988) pour recevoir le Nobel. C'est lui qui a su prélever les ovocytes dans les ovaires. Les deux chercheurs ont ensuite pu déterminer quel était le meilleur moment pour féconder l'ovocyte et parvenir à un embryon. La naissance de Louise Brown devenait enfin possible.

Des questions éthiques

<div class="alt"><a target="_blank" title="Hommage au prix Nobel de m&eacute;decine, Robert Edwards" href="http://www.universcience-vod.fr/media/2781/hommage-au-prix-nobel-de-medecine--robert-edwards.html">Hommage au prix Nobel de m&eacute;decine, Robert Edwards<br /> <img alt="Hommage au prix Nobel de m&eacute;decine, Robert Edwards" border="0" src="../../../../../../../video.universcience.tv/1/20101007-092414/thumbnail_1.jpg" /></a><br /> <p>Apr&egrave;s la remise du <a href="http://www.universcience-vod.fr//index.php/tag/prix-nobel.html">Prix Nobel</a> de m&eacute;decine au britannique Robert Edwards, pionnier de la f&eacute;condation <em>in vitro</em>, nous recevons Pierre Jouannet, l'un des sp&eacute;cialistes fran&ccedil;ais de l' <a href="http://www.universcience-vod.fr//index.php/tag/assistance-medicale-a-la-procreation.html">assistance m&eacute;dicale &agrave; la procr&eacute;ation</a> .</p> <p>&nbsp;</p> <p>Interview : Olivier Boulanger</p> <p>&nbsp;</p> </div>

 

Si la fécondation in vitro a fait le bonheur de millions de parents infertiles – et n'est plus aussi contestée qu'à ses débuts –, elle n'en a pas moins ouvert le champ à de nombreuses questions éthiques : élargissement de l'assistance médicale à la procréation aux femmes célibataires ou aux couples homosexuels, légalisation de la gestation pour autrui, levée de l'anonymat du don de gamètes... Des questions qui sont actuellement débattues en France dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique. Le projet de loi du gouvernement ne propose pas, pour l'heure, de revenir sur l'interdiction des recherches sur l'embryon, en dehors du cadre dérogatoire actuel. Une position dénoncée par certains spécialistes de la reproduction humaine qui affirment que sans ce type de recherches Robert Edwards n'aurait pu obtenir le prix Nobel de médecine.

À partir du 9 novembre, une expo-dossier « Les [nouvelles] façons d'avoir des enfants »

Cette expo-dossier, qui fait un point d'actualité sur l'assistance médicale à la procréation, sera présentée dans l'espace Science Actualités de la Cité des sciences et de l'industrie. Vous pourrez aussi la retrouver en ligne sur notre site à partir de la mi-novembre.

Cécile Michaut le 06/10/2010