Nouvelles technologies : de la 3D sur tous les écrans ?

Avec l'énorme succès du film Avatar, la 3D s'impose de manière magistrale au cinéma. Boosté par les techniques du numérique, le relief devrait très prochainement s'étendre à de nombreux supports de diffusion.

Par Romain Lejeune, le 08/01/2010

Immersion d’un nouveau genre

Avatar, un monde en plus

Avatar, Le drôle de Noël de Scrooge, Là-haut...tant de projections en relief qui auront fait de 2009 l'année de la 3D (trois dimensions). Caractérisant l'espace qui nous entoure, tel que perçu par notre vision, en termes de largeur, hauteur et profondeur, le terme 3D est souvent associé à la représentation d'un sujet en images numériques. « Le numérique nous envahit de tous les côtés, par internet, la télévision, le cinéma, etc. Concernant la 3D, le numérique est une solution technique qui permet d'avoir une diffusion en relief plus facile », explique Lionel Fages, directeur de la société Cube Creative, pionnière en France dans la production de films en 3D.

L’image numérique, qu'est-ce que c'est ?

On appelle image numérique une image créée directement par des programmes informatiques, via la souris, les tablettes graphiques ou par la modélisation 3D (ce que l'on appelle par abus de langage les « images de synthèse »).

Hormis le développement du numérique, des enjeux économiques ont relancé l'intérêt pour la production des films en relief. « Hollywood et les compagnies de production de longs métrages américaines ont pensé que c'était un moyen de concurrencer les système "home vidéo", en proposant une nouvelle dimension aux films dans les salles de cinéma, et donc, d'attirer une nouvelle clientèle », estime Lionel Fages. Autre élément favorable au relief, sa reproduction, plus difficile à réaliser. « Pour un pirate, copier deux yeux est plus difficile que d'en copier un seul. »

La caméra 3D

Si nous voyons en relief, c'est parce que nous avons deux yeux. Le cerveau additionne les deux images que nous voyons, et le calcul entre ces deux visions va lui permettre de créer les trois dimensions. C'est à partir de ce constat que furent élaborés les premiers films en relief. Comme nos yeux qui regardent un objet, deux caméras filment une scène sous deux angles très légèrement décalés (stéréoscopie). Le résultat donne deux films pratiquement identiques qui, diffusés simultanément sur un écran de cinéma, vont produire une image trouble, une image en relief.

Grâce à l'évolution des technologies, une seule caméra est aujourd'hui suffisante pour créer l'illusion d'une profondeur en trois dimensions. On utilise une caméra 3D (Reality Camera System) équipée de deux lentilles représentant l'œil gauche et l'œil droit, comme celle utilisée pour réaliser Avatar. Les deux lentilles sont séparées par une distance, dite interoculaire, correspondant à la distance moyenne entre les deux yeux humains (6,5 cm). Une fois équipés de lunettes spéciales, les spectateurs ont alors l'impression de voir une image en 3D.

Percevoir la 3D sur grand écran

Lionel Bertinet (CNC) : plus d'équipements numériques au cinéma

« En France, explique Lionel Bertinet, directeur adjoint du multimédia et des industries techniques au Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), le déploiement du numérique est en cours. On compte 900 salles sur 5 400 équipées en numérique. Et parmi elles, près d'une sur deux a diffusé "Avatar" en relief, soit environ 450 salles dans 260 cinémas. Un film diffusé en numérique est un gain d'argent pour les distributeurs : une copie 35 mm classique coûte 1 000 euros, alors qu'une copie numérique coûte entre 150 et 200 euros. Mais un système de projection numérique vaut environ 80 000 euros. »

Il faut aussi équiper les spectateurs de lunettes adéquates. Les salles de cinéma qui diffusent en relief louent des lunettes 3D, dont le procédé technique est basé sur la projection alternée. Ce principe consiste à alterner la vision de l'œil gauche et la vision de l'œil droit suffisamment rapidement pour que le cerveau ne perçoive pas la différence entre les images superposées.

Les lunettes 3D de Mister President

Le nombre d'images à la seconde est alors doublé, passant de 24 images par seconde à 48. Les lunettes aujourd'hui de plus en plus utilisées pour percevoir le relief en salle sont les lunettes dites actives. « Contrairement aux lunettes passives (rouge et verte), la nouvelle génération de lunettes actives permet de reconstituer l'effet stéréoscopique par un rayonnement infrarouge », explique Lionel Fages.

De la 3D à la maison

Des jeux vidéos, comme "Avatar", produit dérivé commercialisé au moment de la sortie du film et réalisé par la société Electronic Arts, aux matchs de la Coupe du monde 2010 de football en 3D, le relief arrive progressivement à domicile. « Tous les professionnels de l'électronique développent des téléviseurs relief qui permettront de voir des programmes stéréoscopiques chez soi », explique le directeur de Cube Creative.

L’avenir de la 3D

« Il y a trois ans, il n'y avait pas de longs métrages en relief. Cette année, les Américains en ont proposé neuf et plus de vingt sont prévus pour l'année prochaine. De plus, Sony va filmer 25 matchs de la Coupe du monde 2010 en relief. En France également, l'actualité du relief évolue, ajoute Lionel Fages, le CNC organise des réunions depuis un an pour sensibiliser les producteurs de films au relief. »

Les engagements du CNC

Lionel Bertinet explique en effet que le CNC s'engage en faveur du développement du relief dans les salles de cinéma. « Nous avons initié un groupe de travail réunissant des producteurs et des prestataires techniques pour échanger leurs expériences en matière de production de films en relief. Nous avons très vite perçu l'engouement autour de la réalisation de films en relief. Il y a un véritable potentiel en France. Des exemples, comme le prochain documentaire de Wim Wenders réalisé en 3D et relatant la vie de Pina Bausch, confirment cette idée : lors du tournage, le réalisateur allemand a fait appel à plusieurs stéréographes français. »

Cependant, même si le relief aujourd'hui remplit les salles, les puristes de la 2D peuvent être rassurés : aussi populaire soit-elle, les spécialistes sont unanimes, la 3D ne la remplacera pas, elle restera un plus, sans devenir la raison d'être du cinéma.

Romain Lejeune le 08/01/2010