Selon une étude réalisée par l’Institut de veille sanitaire, les femmes enceintes et les nouveau-nés seraient exposés aux phtalates et au bisphénol A au moment de l'accouchement.
Premiers résultats
Lancée au printemps 2011, l’étude Elfe (Étude longitudinale française depuis l’enfance) a pour objectif de suivre au plan médical 20 000 enfants depuis la période intra-utérine jusqu’à leur majorité. Avant ce recensement national, une étude pilote avait été réalisée en octobre 2007 par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Institut national d’études démographiques (Ined) pour « valider les procédures de collecte, de stockage et d’analyses des échantillons […] afin de dimensionner l’étude au niveau national ». Les résultats de cette étude préliminaire viennent d’être publiés par l’InVS.
Interview de Robert Barouki, toxicologue à l'Inserm (universcience.tv)
Concernant le bisphénol A, les taux étaient de 3,3 microgrammes par litre d'urine pour les femmes ayant accouché par césarienne ou forceps contre 2,2 microgrammes par litre d'urine pour celles ayant accouché par les voies naturelles. Pour les phtalates, la proportion était respectivement de 22,9 microgrammes par litre d'urine contre 10,2 microgrammes par litre d'urine. Le matériel médical utilisé pourrait être à l’origine de ces contaminations. « Au vu des résultats, l'hypothèse d'une contamination via les poches urinaires chez les femmes césarisées a été posée », expliquent les rapporteurs. Au total, 90% des femmes ayant accouché étaient exposées aux phtalates et bisphénol A. « Ces résultats soulèvent des interrogations sur les conséquences de l’exposition via les dispositifs médicaux », concluent les chercheurs. Des questions qui, selon eux, « nécessitent des approfondissements ».
Source : Institut de veille sanitaire (InVS)
Phtalates et Bisphénol A, quels effets indésirables ?
Les phtalates et le bisphénol A sont des perturbateurs endocriniens responsables de malformations génitales. Le 23 juin 2010, le Parlement a voté l'interdiction du Bisphénol A dans la fabrication des biberons. Concernant les phtalates, l'Assemblée nationale votait le 3 mai 2011, en première lecture, un projet de loi visant à interdire son utilisation (voir interview vidéo de Robert Barouki, toxicologue à l'Inserm). Un problème sanitaire qui ne date pas d’hier : le rapport de l'Invs rappelle que depuis 1997, les phtalates sont considérés comme des produits à risques par la Commission européenne « lorsqu’ils sont utilisés dans la fabrication des jouets et des articles de puériculture en PVC souple ».