Des images dans la tête

On est encore loin de lire dans le cerveau d’autrui. Néanmoins, des chercheurs de l’université de Berkeley ont réussi à reconstruire partiellement les images perçues par des personnes visionnant un film. Troublant. 

Par Olivier Boulanger, le 07/10/2011

Floues, confuses, fantomatiques… les images produites par les chercheurs de l’université de Californie, à Berkeley, ne paraissent pas de première qualité. Et pourtant, lorsqu’on réalise que ces images ont été produites par ordinateur après analyse du cerveau de personnes visionnant un film, force est de constater que celles-ci ne sont pas si éloignées des originales.

A gauche, les images visionnées par les sujets. A droite, les images reconstituées par ordinateur après analyse de leur cerveau.

Pourtant, ne nous y trompons pas, aucune technique n’est encore capable de lire directement dans notre cerveau. Et ces images – troublées et troublantes – ont été reconstituées grâce à une méthode indirecte.

Une image de l'activité cérébrale obtenue par IRMf

Dans un premier temps, les chercheurs ont demandé à des volontaires de visionner durant plusieurs heures des vidéos prélevées sur YouTube. Durant le visionnage, les informations circulant dans leur cortex visuel ont été recueillies par IRM fonctionnelle (IRMf). Et progressivement s’est constituée une base de données associant des signaux cérébraux à des images bien définies.

Dans un second temps, les chercheurs ont demandé aux volontaires de regarder des extraits de films qu’ils n’avaient encore jamais vus. Les signaux cérébraux obtenus ont alors été comparés à ceux de la base de données. Les images associées à chaque signal ont alors été additionnées pour obtenir un visuel flou, certes, mais finalement assez proche de l’image originale.

En rouge, le film visionné par trois volontaires. En vert, les images reconstituées pour chacun des trois sujets (S1, S2 et S3). Celles-ci sont obtenues par l'addition d'une centaine d'images (en bleu) issues d'une base de données et retenues en raison de la ressemblance entre le signal cérébral auquel elles sont associées, et le signal recueilli auprès de chacun des volontaires.

Dès 2006, il a été montré qu’il était possible reconstituer des images fixes visionnées par des patients. Ces nouveaux travaux, parus dans la revue américaine Current Biology, démontrent qu’il est possible de décoder en temps réel des images animées. L’ère de l’analyse dynamique du cerveau ne fait que commencer…

Olivier Boulanger le 07/10/2011