Une pierre du Muséum à bord de MSL

Le robot Curiosity, star de la mission américaine Mars Science Laboratory (MSL), a été lancé le 26 novembre 2011. À son bord, l’échantillon de macusanite P1891 quitte pour toujours la collection minéralogique du Muséum national d’histoire naturelle.

Par Clara Delpas, le 28/11/2011

Le rover Curiosity parti pour Mars le 26 novembre 2011

La grande question Y a-t-il eu de la vie sur Mars ? se traduit pour les chimistes par Existe-t-il sur Mars des composés carbonés ? Pour y répondre, la Nasa a décidé d’envoyer sur place – et plus précisément dans le cratère GALE, large de 154 km et au centre duquel culmine une montagne de plus de 5 000 m – le rover Curiosity, un véritable laboratoire technologique robotisé. Parti le 26 novembre 2011 de Cap Canaveral, en Floride, il arrivera sur Mars le 6 août 2012.

Les robots ChemCam et SAM

Ce « rover » de près d’une tonne et de deux mètres de long, qui a coûté 2,5 milliards de dollars, recèle à son bord une dizaine d’instruments scientifiques ultrasophistiqués.

Violaine Sautter : Pourquoi a-t-on choisi une macusanite ?

Deux d’entre eux, ChemCam et SAM, ont été conçus par des équipes françaises*. Essentiels, ils sont en quelque sorte les « yeux » et le « cerveau » du robot chargé d’étudier les traces de vie martienne, mais aussi les processus physico-chimiques d’évolution de la planète. Le Chemistry Camera (ChemCam) est, comme le rappelle Violaine Sautter, directeur de recherche au CNRS qui a participé à sa mise au point, le premier laser jamais envoyé dans l’espace. Perché en haut d’un mât, il constitue les « yeux » du robot et contribue à déterminer à distance la composition chimique des roches martiennes. 

Violaine Sautter : Et pourquoi une macusanite du Muséum ?

D’une portée de sept mètres, le laser permet dans un premier temps de sélectionner les roches les plus pertinentes à analyser. La lumière émise par le plasma gazeux qui résulte du tir laser est en effet analysée par le spectromètre auquel est couplé le laser, ce qui permet de caractériser les divers éléments chimiques qui composent la roche. Le déplacement du robot dépendra de ce premier repérage. Curiosity économisera ainsi ses mouvements pour n'effectuer que les prélèvements d’échantillons qui s'imposent. Il poursuivra ensuite l’analyse avec d’autres instruments comme le Sample Analysis at Mars (SAM), un laboratoire portatif capable d’analyser en chromatographie en phase gazeuse les échantillons du sol et du proche sous-sol de Mars. Les chercheurs espèrent notamment découvrir d’où provient le méthane que l’on retrouve en très grande quantité sur la planète : d’une activité géochimique, du volcanisme... ou de la vie ?

* Au premier rang desquelles figurent des équipes du Centre nationale de la recherche scientifique (CNRS), ainsi que du pôle de planétologie de l’Observatoire Midi-Pyrénées, du Centre national d’études spatiales (CNES), du Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (Latmos), du Laboratoire inter-universitaire des systèmes atmosphériques (Lisa) et du Museum national d’histoire naturelle (MNHN).

Une pierre du Muséum sur le robot

Le porte-échantillons embarqué à bord du robot

Parmi les cibles utilisées pour étalonner le laser se trouve une roche naturelle, la macusanite P1891, choisie dans les collections minéralogiques du Museum national d’histoire naturelle de Paris. Suffisamment compacte pour supporter les vibrations d’un voyage dans l’espace, cette roche volcanique originaire du Pérou a dû, compte tenu de l’inaliénabilité des collections, faire l’objet d’un don du Muséum et d’une autorisation de sortie de territoire ! Pour un voyage sans retour…

Clara Delpas le 28/11/2011