Le manganèse, un traitement miracle ?

Un simple apport de manganèse pourrait enrayer les effets pathogènes des bactéries produisant la toxine de Shiga. Une découverte importante, surtout lorsqu'on sait que ces bactéries tuent un million de personnes chaque année, principalement dans les pays en voie de développement.

Par Viviane Thivent, le 30/01/2012

Certaines bactéries E. Coli et Shigella sont des fléaux. Parce qu’elles produisent une substance dangereuse, la toxine de Shiga, elles engendrent plus d’un million de morts chaque année. Or, deux Américains ont peut-être trouvé un traitement aussi radical qu’inattendu contre ces infections : le manganèse (S. Mukhopadhyay et al., Science, 20 janvier 2012).

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont commencé par étudier le mode d'action de la toxine de Shiga. Ils ont ainsi observé que lorsque la toxine entre en contact avec une cellule, elle est "avalée" par cette dernière : la membrane cellulaire entoure la toxine et une poche, l'endosome, se forme à l'intérieur de la cellule. Normalement, comme l'endosome fusionne avec les estomacs de la cellule, les lysosomes, ce contenu devrait donc être digéré. Sauf que non : la toxine de Shiga a trouvé une porte de sortie.

Elle se fixe à une protéine présente dans la membrane de l'endosome et dont la particularité est de faire des va et vient entre l'endosome et l'appareil de Golgi, l'organe cellulaire où s'effectue la maturation des protéines. Résultat : au lieu de finir dans le lysosome, la toxine de Shiga se retrouve dand l'appareil de Golgi. De là, elle passe dans le réticulum endoplasmique (RE ou ER dans la vidéo), lieu où les protéines sont synthétisées, provoquant ainsi la mort de la cellule.

Or, d’après l’étude, il est possible d’enrayer ce cycle en ajoutant du manganèse. Et pour cause : le manganèse provoque la dégradation de la protéine GPP130. Incapable de se fixer, la toxine de Shiga ne peut échapper à la digestion.

Allié à un antibiotique, l’apport de manganèse pourrait donc être un traitement efficace et peu onéreux contre des maladies qui sévissent dans 95% des cas dans les pays en développement.

Viviane Thivent le 30/01/2012