Une nouvelle annonce prometteuse contre Alzheimer ?

La piste explorée par l’équipe du professeur Baulieu contre la maladie d’Alzheimer, celle d’une protéine baptisée FKBP52, vient d’être confirmée sur des cerveaux post mortem.

Par Paloma Bertrand, le 27/01/2012

Un lien entre FKBP52 et les tauopathies

En 2010, l’équipe du professeur Baulieu a montré qu’une protéine présente naturellement dans le cerveau, la FKPB52, avait la capacité d’interagir avec la forme anormale d’une autre protéine, baptisée Tau. Or cette protéine Tau, lorsqu’elle dysfonctionne, joue un rôle prépondérant dans le développement de plusieurs démences séniles (les tauopathies dont la maladie d'Alzheimer fait partie), en provoquant l’apparition d’agrégats dans le cerveau. L’équipe a ensuite démontré in vitro que cette protéine FKBP52 empêchait l’agglomération de protéines Tau dans les cellules nerveuses.

Le 24 janvier 2012, la même équipe annonce avoir eu confirmation d’un lien entre les protéines Tau et FKBP52 grâce, cette fois, à une étude anatomique post mortem de cerveaux sains et de cerveaux malades. En comparant leurs observations, les chercheurs ont trouvé, dans les cerveaux malades, une diminution conséquente de la FKBP52 et une présence accrue de Tau. Un travail qui doit prochainement faire l’objet d’une publication dans le Journal of Alzheimer Disease.

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Selon les auteurs de ces travaux, la protéine FKBP52 pourrait servir d’antidote contre la protéine Tau et ouvrir ainsi la voie à un traitement précoce de la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, un test capable de mesurer la quantité de protéine FKBP52 présente dans le cerveau d’un individu pourrait permettre de déterminer si le sujet court le risque de développer ou non une tauopathie.

Néanmoins bien d’autres facteurs sont impliqués dans la maladie d’Alzheimer et la protéine FKBP32 est une piste parmi d’autres. Pour l’heure, le professeur Baulieu et son équipe s’attachent à obtenir une première confirmation de leurs travaux sur des modèles vivants, souris et poissons zèbres. L’espoir d’un traitement chez l’homme est encore lointain.

Une politique de communication « agressive »

Le professeur Etienne-Emile Baulieu, célèbre pour avoir mis au point la pilule abortive et pour ses travaux sur la DHEA, « l’hormone anti-vieillissement », a créé en 2008 un Institut qui porte son nom dédié à son nouveau cheval de bataille : la maladie d’Alzheimer. Il multiplie depuis les rendez-vous médiatiques en convoquant la presse à l’Académie des sciences pour faire connaître l’avancée de ses travaux… et récolter des fonds pour ses recherches. En martelant chaque fois un même message : ses recherches pourraient déboucher à court terme sur la mise au point d’un traitement et d’un test prédictif sur la maladie.
Sans nier l’intérêt des travaux du Professeur Baulieu et de son équipe, certains experts de la maladie d’Alzheimer restent réservés. Cette maladie et les tauopathies dans leur ensemble sont en effet loin d’avoir livré tous leurs secrets.

Paloma Bertrand le 27/01/2012