Rumeurs sur OPERA

Le 22 février dernier, un journaliste du Science Insider affirmait que des mesures qui, l’année dernière, suggéraient que les neutrinos allaient plus vite que la lumière, résulteraient d’un mauvais branchement. Rumeur ou réalité ?

Par Viviane Thivent, le 28/02/2012

Le détecteur d'OPERA

La source est anonyme mais le ton est assuré. Dans un article paru en ligne sur Science Insider le 22 février, le journaliste Edwin Cartlidge écrit que, « d’après des sources familières avec l’expérience, l’écart de 60 nanosecondes (ns) apparaît venir d’une mauvaise connexion de la fibre d’optique entre le récepteur du GPS et un ordinateur. » L’expérience en question est celle de la collaboration internationale OPERA qui, fin septembre 2011, a annoncé avoir détecté des neutrinos allant plus vite que la lumière, 60 ns plus vite.

« Ces allégations ne sont pas quantifiées, » affirme Jacques Marteau, expérimentateur à l’Institut de physique nucléaire de Lyon et membre de la collaboration OPERA. Il s’en explique : « Lorsque la campagne de mesures de l’année dernière a cessé, nous avons, comme annoncé, vérifié chaque connexion et chaque instrument. » Des mois durant, les chercheurs ont ainsi passé au peigne fin le dispositif et ont en effet identifié deux anomalies possibles liées aux détecteurs GPS, dont un mauvais branchement. « Difficile de dire néanmoins si ces problèmes ont affecté ou non les résultats, continue Jacques Marteau qui reste prudent. Seules de nouvelles mesures permettront de clarifier la situation. »

Pour autant, d’après Jacques Marteau, à ce stade, l’impact de ces anomalies ne peut être quantitativement évalué. « Lors de la phase de vérification des GPS, une mesure a montré que le connecteur à fibre pourrait ne pas avoir fonctionné correctement. » Pour renouer avec la réalité, il faudra attendre la reprise du CERN, le 23 mars prochain, et l’évaluation exacte des anomalies identifiées qui devrait avoir lieu dans les semaines - mois peut-être - qui suivent.

A noter qu’en matière de rumeur, Edwin Cartlidge n’en est pas à son coup d’essai. Fin octobre, toujours grâce à des sources proches de l’expérience, le journaliste avait sévèrement remis en cause la méthode statistique utilisée par la collaboration OPERA. La suite de l’histoire lui donna tort.

Viviane Thivent le 28/02/2012