Comment les moustiques passent à travers les gouttes

L’ennemi public numéro 1 des soirées d’été n’a pas seulement su s’adapter aux répulsifs et aux insecticides. Son agilité et sa légèreté lui permettent également de se jouer de la pluie, aussi violente soit-elle. Une mauvaise nouvelle pour les campeurs, mais une piste intéressante pour les concepteurs de drones.

Par Yaroslav Pigenet, le 05/06/2012

Moustique touché par une goutte de pluie

Si les orages et les moustiques se disputent le titre peu enviable de gâcheurs de soirée à la belle étoile, les seconds ne sont pas incompatibles avec les premiers. Une équipe de biophysiciens du Georgia Institute of Technology d’Atlanta (Etats-Unis) vient en tous cas de montrer comment les insectes piqueurs parviennent à voler, même sous les averses. Ces travaux, qui vont entre autres permettre d’améliorer la conception des minidrones de surveillance et d’intervention utilisés par l’armée et les forces de l’ordre, viennent d’être publiés dans Proceedings of the National Academy of Sciences.    

A priori, insectes volants et précipitations ne font pas bon ménage : leur taille, leur poids et leur vitesse de chute font des gouttes de pluie d’énormes projectiles capable d’emporter, d’assommer voire d’écraser n’importe quel suceur de sang. Et pourtant, contrairement aux estivants humains, les moustiques maintiennent leurs sorties même par temps pluvieux. Pour élucider cet apparent mystère, les chercheurs ont utilisé une caméra rapide pour filmer le comportement de moustiques soumis à des averses d’intensité variable.    

La tactique du moustique mouillé

Ils ont ainsi pu constater que la plupart du temps, les gouttes touchent les insectes sur les pattes ou sur les ailes ; grâce à son agilité en vol, l’animal se rétablit alors rapidement après l’impact en pivotant légèrement sur lui-même pour laisser passer la goutte.

Mais il arrive aussi que la goutte frappe de plein fouet l’abdomen de la bestiole. «  En ramenant cet impact à l’échelle humaine, nous ne pourrions pas survivre », précise Andrew Dickerson, l’un des coauteurs de l’article, « ce serait comme marcher sur la route et être percuté par une voiture à pleine vitesse. » Reste que l’agaçant diptère encaisse sans problème l’impact de gouttes 50 fois plus lourdes que lui. Pour y arriver, il accompagne simplement la chute de la goutte sur une dizaine de centimètres, avant de s’en détacher et repartir de plus belle. « C’est un peu comme faire un match de boxe avec une baudruche, le ballon n’oppose aucune résistance et recule juste sous les coups. La faible masse du moustique lui permet la même chose  » explique David Hu qui a supervisé l’étude.  

Cette technique d’esquive, qui rappelle beaucoup la fable Le Chêne et le Roseau de La Fontaine, ne fonctionne évidemment que si le moustique est en vol et non au sol… car dans ce dernier cas, coincé entre la marteau (la goutte) et l’enclume (le sol), le nuisible risque bel et bien d’être écrasé, tout comme il le serait par un pare-brise de voiture.    

Yaroslav Pigenet le 05/06/2012