La genèse de l’asticot filmée en direct

Grâce à un nouveau procédé de microscopie optique, des chercheurs sont parvenus à filmer, sous tous les angles et en 3D, le développement d’un embryon de drosophile jusqu’au stade larvaire.

Par Yaroslav Pigenet, le 08/06/2012

Pour étudier cellules, tissus ou organes, les biologistes ont longtemps dû se satisfaire des images obtenues à partir d’animaux morts coupés en tranches suffisamment fines pour être traversées par la lumière du microscope optique. Grâce à un tout nouvel appareil, baptisé MuVi-SPIM (pour MultiView Selective-Plane Illumination Microscopy), ils sont désormais en mesure de filmer des organismes entiers sous toutes les coutures.

Le dispositif, qui a déjà permis de capter la totalité du développement embryonnaire de la mouche drosophile, est présenté dans un article récemment publié dans la revue Nature Methods.

Développement de l'embryon de drosophile par universcience

« La vidéo [obtenue avec le MuVi-SPIM] montre un embryon de mouche du vinaîgre âgé d’environ 2 heures et demi jusqu’à ce qu’il devienne une larve et s’échappe du microscope, 20 heures plus tard » explique Lars Hufnagel de l’European Molecular Biology Laboratory d’Heidelberg (Allemagne) et coauteur de l’article. On y voit effectivement toutes les étapes clés du développement embryonnaire de la mouche : depuis la mise en place des trois feuillets embryonnaires par migration cellulaire jusqu’à la formation des organes de la larve. Ceux qui apprécient cet appétissant spectacle peuvent même le visionner en 3D à l’aide de lunettes anaglyphes.

Développement de l'embryon de drosophile (3D... par universcience

Quatre faisceaux simultanés

Schéma de fonctionnement du MuVi-SPIM

Afin de ne pas léser l’embryon, ce microscope le balaye avec un fin faisceau de lumière qui éclaire l’une de ses faces. De plus, à la différence des procédés de microscopie traditionnels, qui ne permettent de ne traiter qu’un angle de vue à la fois, le MuVi-SPIM en acquiert simultanément quatre : ce qui permet d’obtenir directement une image 3D dynamique sans avoir à tourner successivement le spécimen. Cette acquisition en temps réel d’images en haute-définition permet aux chercheurs de suivre, cellule par cellule, l’évolution des tissus biologiques avec une précision jusque-là inégalée.
 
 A l’avenir, les chercheurs comptent utiliser le MuVi-SPIM pour étudier comment se forment les tissus et les organes, non seulement des mouches, mais aussi des vertébrés.

Yaroslav Pigenet le 08/06/2012