Une pilule contraceptive pour homme ?

Une petite molécule nommée JQ1 conduit à une infertilité réversible chez les rongeurs. Un résultat qui rendrait possible l’élaboration d’une pilule contraceptive pour homme.

Par Gautier Cariou, le 21/08/2012

Une pilule contraceptive masculine ? Difficile à avaler ! Et pourtant, une équipe américaine a identifié une molécule capable de générer un contrôle réversible de la fertilité chez des souris mâles. Ces résultats encourageants viennent d’être publiés dans la revue Cell et pourraient bien mettre les chercheurs sur la bonne voie dans la quête d’une contraception masculine.

Le composé chimique qui suicite tant d’enthousiasme se nomme JQ1. À l’origine, ce médicament a été synthétisé pour bloquer l’expression du gène BRD4, qui joue un rôle clef dans les leucémies et certains cancers des poumons. Mais James E.Bradner, co-auteur de l’étude, a mis en évidence une toute autre propriété : la molécule inhibe aussi le processus de fabrication des spermatozoïdes.

Pas de mal aux mâles

Des analyses biochimiques et cristallographiques ont permis de comprendre comment la spermatogénèse est bloquée chez les rongeurs. La molécule JQ1 agit en pénétrant dans le sang, à l’intérieur des testicules. Elle intervient en ciblant le gène BRDT, à l’origine du processus de maturation des spematozoïdes. Cette action limite la production de spermatozoïdes et altère leur qualité. « Nos résultats démontrent que, donné aux rongeurs, ce composé induit une diminution rapide et réversible du nombre de spermatozoïdes et de leur mobilité, avec des effets profonds sur la fertilité », explique James Bradner.

En plus d’agir de manière réversible, le JQ1 a aussi le bon goût d’épargner la libido. Une qualité qui fait défaut aux autres traitements en cours d’étude qui, eux, bouleversent la régulation hormonale. Ainsi, la molécule n’affecte pas la production de testostérone mais agit de façon ciblée, uniquement sur le processus de spermatogénèse.

Pour le moment, « le JQ1 n’est pas prévu pour être utilisé par les humains comme agent contraceptif masculin », tempère James Bradner. Mais les données réunies dans l’étude constituent des bases sérieuses pour de nouvelles études. Ouvrant une porte vers l'élaboration d'une pilule contraceptive... masculine !

Gautier Cariou le 21/08/2012