L’illusion du light

Les boissons light sont plus susceptibles de provoquer un diabète que les boissons sucrées conventionnelles. C’est l’étonnant résultat d’une étude conduite par l’Inserm, qui contredit le cliché d’édulcorants sains et inoffensifs. 

Par Bernard Nomblot, le 12/02/2013

Contrairement aux idées reçues, le risque de diabète de type 2 est plus élevé quand on consomme des boissons light que lorsqu’on boit des boissons sucrées ordinaires. C’est ce qui ressort d’une étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition. Menée par deux chercheurs de l’Inserm, Françoise Clavel-Chapelon et Guy Fagherazzi, elle a été conduite auprès de plus de 66.118 femmes suivies depuis 1993 dans le cadre de l’étude E3N (voir encadré).

L’étude E3N

Dirigée par Françoise Clavel-Chapelon, directrice de recherche à l’Inserm, l’étude E3N (Étude épidémiologique auprès de femmes de la MGEN), porte sur 100.000 femmes volontaires françaises nées entre 1925 et 1950 et suivies depuis 1990 par voie d’auto-questionnaires portant sur leur mode de vie (alimentation, traitements hormonaux...) et sur l’évolution de leur état de santé. L’étude E3N est la composante française de l’EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and nutrition), vaste étude européenne coordonnée par le Centre international de recherches sur le cancer (CIRC). Elle est soutenue par quatre partenaires fondateurs : l’Inserm, la Ligue contre le Cancer, l’Institut Gustave Roussy et la MGEN.

L'édulcorant pire que le saccharose

Les femmes buvant du light ont tout d’abord une consommation plus importante que celles consommant les autres boissons sucrées : 2,8 verres par semaine en moyenne, contre 1,6 verre. Mais même à quantité égale, l’étude révèle que le risque de développer un diabète est supérieur avec le light : de 15% pour une consommation de 0,5 litre hebdomadaire et près de 60% pour 1,5 litre. En revanche, les chercheurs n’ont identifié aucun risque de diabète supplémentaire associé à la consommation de jus de fruits 100% pressés.

Une explication possible serait que les amatrices de light consomment en général davantage de produits sucrés que les autres. En outre, l’aspartame pourrait induire une augmentation de la glycémie – et de ce fait du taux d’insuline – comparable à celle engendrée par le saccharose.

Les chercheurs constatent enfin qu’il ne suffit pas d’être mince pour échapper au diabète : l’effet délétère de la consommation de sucre est avéré quelle que soit la corpulence.

Bernard Nomblot le 12/02/2013