La rapide adaptabilité des blattes

Les blattes ont développé une aversion pour le glucose qui enrobe les produits insecticides. C’est ce qui leur permet de déjouer les pièges visant à les tuer, comme vient de le montrer une étude menée aux États-Unis.

Par Roxane Tchernia, le 28/05/2013

Tête de blatte germanique mâle

Des chercheurs de l’université d’État de Caroline du Nord sont parvenus à expliquer pourquoi les pièges anti-cafards sont de moins en moins efficaces. Dans la revue Science du 24 mai 2013, ils montrent en effet que Blattella germanica – une espèce très commune – a progressivement développé une aversion pour le glucose. Ce sucre est en effet souvent employé comme leurre par les industriels pour enrober les insecticides.

 

Pour réaliser cette étude, Ayako Wada-Katsumata et son équipe ont comparé deux groupes de spécimens : des cafards de type sauvage et des individus présentant une aversion au glucose, sélectionnés en laboratoire à partir d’une souche recueillie en Floride. Ils les ont placés dans une assiette contenant du glucose et ont observé les réponses du système neuronal à l’aide de tests électro-physiologiques. Les neurones réceptifs au sucre, qui incitent à la consommation, sont stimulés chez les deux populations. En revanche, pour les insectes répugnés par le glucose, les neurones réceptifs à l’amertume sont également excités. Or l’amertume, perçue – de même que chez l’homme – comme une mise en garde, bloque la réponse des récepteurs au sucre et entraîne ainsi le rejet du glucose.

Mieux encore, les chercheurs soulignent que ce changement comportemental se transmet aux lignées suivantes, lesquelles répugnent donc aussi à ingérer ce sucre. Illustration d’une grande faculté d’adaptation des blattes à leur environnement, ce trait héréditaire pourrait aussi devenir un avantage sélectif. Les insecticides devront donc utiliser d’autres subterfuges pour venir à bout des futures générations de blattes.
 

Roxane Tchernia le 28/05/2013