Une ébauche de cerveau créée en laboratoire

Des chercheurs autrichiens ont développé, à partir de cellules souches, l'ébauche d'un tissu cérébral humain. Ce cerveau miniature pourrait permettre d’étudier les premières étapes du développement cérébral ainsi que certaines maladies.

Par Bernard Nomblot, le 04/09/2013

organoïdes cérébraux
Coupe de l'organoïde montrant le développement des différentes régions cérébrales

Jusqu’à présent, créer in vitro l'ébauche d'un cerveau à partir de cellules souches - à l’instar d'un intestin, d'une hypophyse ou d'une rétine - paraissait un défi insurmontable. C’est pourtant ce qu’a réalisé l’équipe de Madeline Lancaster, de l’Institut de biotechnologie moléculaire de l’Académie des sciences autrichienne, à Vienne. Cette prouesse, détaillée dans une étude parue fin août dans la revue Nature, pourrait permettre d’étudier les premières étapes du développement cérébral ainsi que certaines maladies.

Les cellules souches pluripotentes sont capables de donner naissance à n'importe quelle cellule du corps humain. Encore faut-il savoir les orienter dans la direction voulue. Ces chercheurs autrichiens sont justement parvenus à rassembler les conditions favorables au développement du tissu cérébral humain, si bien que des cellules souches tirées d'un morceau de peau se sont différenciées en cellules nerveuses et auto-organisées en petits amas de tissu cérébral. Dénués de circulation sanguine, ces cerveaux embryonnaires ont survécu quelques mois dans un bioréacteur leur apportant l’oxygène et les nutriments nécessaires.


Croissance d'un « organoïde » cérébral

L’équipe autrichienne à l'origine de ce travail ne parle pas de mini-cerveau mais « d’organoïdes cérébraux ». Autrement dit, des amas de quelques millimètres de cellules organisées en trois dimensions comme le tissu cérébral des embryons humains au cours des premiers mois de leur développement.

Ces « organoïdes » recréent les premières étapes de la formation du cortex cérébral humain et se prêtent ainsi à l'étude du développement du cerveau et à l'étude des troubles de ce développement. L'équipe espère que cette méthode permettra aux chercheurs de tester des molécules directement sur du matériel humain et d'obtenir des résultats plus aisément transférables aux patients. D’ores et déjà, ce « mini-cerveau » permet d’étudier la microcéphalie, une maladie neurologique rare.

Bernard Nomblot le 04/09/2013