Gros plan sur la tique

Grâce à des méthodes de microscopie optique et électronique, des chercheurs allemands et américains révèlent comment la tique parvient à se fixer sur son hôte.

Par Olivier Boulanger, le 11/11/2013

En France, la tique est à l'origine de 12.000 à 15.000 nouveaux cas de maladie de Lyme par an.

Quelle désagréable expérience que découvrir sur soi une tique après une balade en forêt. Comment cet acarien parvient-il à se fixer aussi fermement à sa victime ? Dans une étude publiée par la Royal Society, une équipe germano-américaine montre comment les pièces buccales de l’animal se sont adaptées pour atteindre une redoutable efficacité.

Contrairement à de nombreux parasites hématophages tels que les moustiques ou les taons, la tique doit rester fixée à son hôte durant plusieurs jours : c'est l’accumulation de sang, en effet, qui lui permet de poursuivre son cycle en produisant notamment une grande quantité d’œufs.

Massacre à la scie articulée...

Observé en microscopie électronique et confocale, l’appareil buccal se révèle sous un jour redoutable : une épée barbelée, « l’hypostome », encadré par deux scies articulées, « les chélicères ».

A gauche, l'hypostome (hy), à droite les deux chélicères articulés surmontant l'hypostome.

Pour se fixer à son hôte, la tique commence par s’accrocher avec ses griffes. Elle met ensuite en action ses deux chélicères dans un mouvement de va-et-vient qui lui permet de déchirer la peau. Puis, grâce à un mouvement de levier, les chélicères écartent la plaie, facilitant la pénétration durable de l’hypostome.

Durant toute cette étape, l’hôte ne sent rien. La tique introduit en effet des analgésiques et des anticoagulants pour se nourrir en toute discrétion. La durée de fixation est problématique : elle facilite en effet la transmission de certaines bactéries, et notamment celle responsable de la maladie de Lyme.

Tique et Lyme : les deux font la paire

Dans une étude publiée en mai dernier, des biologistes suisses montrent que la tique et la bactérie responsable de la maladie de Lyme (Borrelia burgdorferi) ont évolué conjointement, procurant à chacun des avantages réciproques. En modifiant le métabolisme de l’acarien, la bactérie permet à la tique de résister plus facilement à la sécheresse, ce qui lui permet d’attendre sa victime plus longtemps en haut des herbes sans avoir à se réhydrater.

Olivier Boulanger le 11/11/2013