De la plante cultivée à la substance psychoactive dans le cerveau

Homme et cannabis : une histoire ancienne

Des graines de cannabis datant de plus de 2000 ans !

Originaire des contreforts de l'Himalaya, le cannabis est connu et cultivé par l'homme depuis des milliers d'années. Ses fibres servaient à la fabrication de cordages, papiers ou tissus et sa résine était utilisée comme remède pour soulager la douleur, les spasmes ou les troubles du sommeil. Le cannabis entre ainsi dans la pharmacopée chinoise 3000 ans avant notre ère. Au fil des siècles, sa consommation s'est répandue dans plusieurs régions du monde, notamment en Afrique du Nord où son développement aurait été favorisé par l'interdiction religieuse de l'alcool. C'est d'Égypte, à la fin du XVIIIe siècle, que l'armée de Bonaparte rapportera le cannabis en France.

Les diverses variétés de cannabis : de la fibre à la drogue

Champ de cannabis utilisé pour ses fibres textiles au Japon

Le cannabis pousse sur une très grande partie de la surface du globe. Il existe une multitude de variétés selon le climat et la situation géographique. Les deux principales sont le chanvre indien, Cannabis indica (Inde, Pakistan, Maroc), qui est riche en résine et donc en substance psychoactive ; et le chanvre des pays tempérés, Cannabis sativa, qui donne surtout beaucoup de fibres. C'est la teneur en THC (delta9-tétrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis) qui permet de distinguer la variété de plant. Au-delà d'un certain seuil (fixé à 0,3 % en France), le chanvre est de type « drogue ».

Les routes du cannabis

Les routes du cannabis

Cette carte, réalisée par le département américain de la Justice, montre les principaux circuits empruntés par le trafic du cannabis. Le premier exportateur de cannabis vers l'Europe est le Maroc : ce pays fournit 90 % du haschish saisi en France. Les cultures n'ont cessé d'augmenter depuis vingt ans : estimées à 30 000 hectares dans les années 80, elles couvriraient aujourd'hui 150 000 hectares, selon une étude de l'Organe contre le crime et la drogue des Nations unies (UNODC). Dans le Rif marocain, la culture de cannabis rapporterait de dix à cinquante fois plus que la culture céréalière.

(A. Labrousse, L. Romero, Trafic international 2002, n°13).

Des produits plus fortement dosés

Il existe différents produits à base de cannabis. L'herbe (marijuana) est un mélange de feuilles, tiges et fleurs de cannabis séchées. La résine (haschich) est sécrétée par les extrémités des fleurs. Une huile peut également être extraite à partir de la résine.

Résine (haschich)

La concentration en THC (principe actif du cannabis) est en moyenne plus basse dans l'herbe (de 2 à 5 %), intermédiaire dans la résine (10 %) et beaucoup plus importante dans l'huile (jusqu'à 60%). Une analyse des échantillons saisis en douane montre que depuis quelques années des échantillons beaucoup plus concentrés ont fait leur apparition en France (jusqu'à 22 % de THC pour l'herbe et 31 % pour la résine), notamment le « skunk », une variété de fleurs de cannabis originaire des États-Unis et des Pays-Bas.

Le THC ou principe actif du cannabis

Les effets immédiats et différés du cannabis sont principalement dus au delta9-tétrahydrocannabinol (THC), le plus abondant des soixante cannabinoïdes recensés à ce jour dans le chanvre indien :

  • en rouge, les atomes de carbone ;
  • en jaune, les atomes d'hydrogène ;
  • en vert, les atomes d'oxygène.

Le devenir du cannabis dans le corps

Une fois inhalé, le THC pénètre dans le sang très rapidement (en moins de dix minutes). Du fait de son affinité pour les graisses, il se fixe dans les tissus riches en lipides, c’est-à-dire principalement le cerveau. Il peut également passer dans le lait maternel et dans le placenta. L’élimination totale du THC de l’organisme pouvant durer de deux à trois semaines, une consommation fréquente de cannabis entraîne donc une accumulation de THC dans le cerveau. Mais, contrairement à l’héroïne, qui agit sur les centres respiratoires, ou à la cocaïne, qui modifie les fonctions cardio-vasculaires, le THC n’intervient pas sur les fonctions vitales. À ce jour, aucun décès lié à une intoxication au cannabis n’a été recensé.

Le mode d’action du cannabis sur le cerveau

Les zones-cible du cannabis dans le cerveau

Depuis le début des années 90, on sait, par des études menées chez l'animal, que le principe actif du cannabis (le THC) se fixe sur des récepteurs spécifiques situés principalement dans le cerveau.

Normalement, ces récepteurs reçoivent des molécules* produites par notre organisme. Ils n'ont en effet pas été créés pour fixer une substance synthétisée par une plante ! Ces molécules participent à la régulation de l'humeur, de la mémoire, de l'appétit, de la douleur, des émotions… Lorsqu'on introduit du cannabis dans l'organisme, son produit actif peut donc perturber toutes ces fonctions.

Actuellement, des recherches sont en cours pour tenter de mieux comprendre comment le THC et les substances cannabinoïdes produites par notre organisme interagissent.

* anandamide et 2-arachidonoylglycérol

La libération de dopamine

Les neurones dopaminergiques

Comme d'autres drogues (cocaïne, héroïne, ecstasy… mais aussi tabac et alcool), le cannabis entraîne la libération dans le cerveau d'un neurotransmetteur*, la dopamine, selon un mécanisme encore à l'étude. Cette libération, dont l'effet est d'activer un ensemble de structures cérébrales – formant le circuit dit de « récompense » qui procure le plaisir –, reste faible dans le cas du cannabis.

Contrairement à l'ecstasy, le cannabis ne détruit pas les cellules nerveuses. À ce titre, il n'est pas considéré comme « neurotoxique », même s'il peut affecter le fonctionnement de ces cellules.

* substance chimique qui relaie l'information d'un neurone à l'autre.

Partager cette page sur :

Commentaires

Réagir à cet article

e-mail : *
Votre email ne sera pas visible
pseudo : *
Commentaire : *
Saisissez ci-dessous le texte suivant : *