Quels risques pour les consommateurs ?

En 2007, une méta analyse- dont le principe est de compiler les résultats des différentes recherches menées au niveau international – souligne un lien avéré entre la consommation de cannabis et des manifestations psychotiques (troubles de la personnalité), et ce même en l’absence d’antécédents familiaux (facteur de risque connu). Ce risque est significatif dès un joint par semaine et il est supérieur pour les consommateurs les plus jeunes (qui fument avant 15 ans). En revanche, en ce qui concerne la schizophrénie, il semblerait que le cannabis ne soit pas responsable de cette maladie mais que sa consommation pourrait déclencher les premiers troubles de patients à risque. Par ailleurs, des études d’imagerie médicale menées chez l’animal et chez l’homme (observation par IRM de la quantité de substance blanche dans le cerveau) montrent que le cannabis modifie la maturation du cervelet, d’où une plus grande vulnérabilité des adolescents au produit. 

Une intoxication prolongée

Une fois inhalé, le produit actif du cannabis (le THC) pénètre dans le sang très rapidement (en moins de dix minutes). Du fait de son affinité pour les graisses, il se fixe dans les tissus riches en lipides, c’est-à-dire principalement le cerveau. Il peut également passer dans le lait maternel et dans le placenta. L’élimination totale du THC de l’organisme pouvant durer de deux à trois semaines, une consommation fréquente de cannabis entraîne donc une accumulation de THC dans le cerveau. Mais, contrairement à l’héroïne, qui agit sur les centres respiratoires, ou à la cocaïne, qui modifie les fonctions cardio-vasculaires, le THC n’intervient pas sur les fonctions vitales. À ce jour, aucun décès lié à une intoxication au cannabis n’a été recensé.

Des travaux de recherche ont mis en évidence des effets directs du cannabis sur l’attention, la mémoire, la concentration et la motivation. On peut donc s’attendre à une baisse des performances scolaires mais les études sur le sujet sont encore controversées. Dernière en date, une étude menée sur une cohorte de 6000 jeunes néo zélandais et australiens indique que les taux de réussite scolaire sont plus élevés pour ceux qui n’ont pas consommé de cannabis avant l’âge de 18 ans et plus faibles pour ceux qui ont fait l’expérience du cannabis avant l’âge de 15 ans.     

Aussi mauvais que le tabac

Dans le monde, le mode de consommation le plus fréquent est le cannabis fumé. De fait, le cannabis est lié à toutes les pathologies associées au tabac (cancer du poumon notamment). En outre, à poids égal, le cannabis fumé fournit plus de goudron (50 %) qu’une cigarette de tabac fort. Et la concentration de certains agents cancérigènes retrouvés dans le goudron de la marijuana est plus élevée que celle d’un même poids de goudron de tabac. Enfin, la rétention des goudrons dans les poumons est favorisée par le THC qui possède des propriétés broncho-dilatatrices.

De même qu’un verre de vin ou une cigarette ne rendent pas alcoolique ou fumeur, un adolescent qui consomme un joint de cannabis n'est pas un toxicomane. En revanche, les consommations problématiques sont généralement l'expression d'un malaise passager ou de difficultés plus profondes et il est important de les repérer.

Un questionnaire très simple (6 questions), le Cannabis Abuse Screening Test (CAST), a été mis au point à l’OFDT. Il repère les risques d’abus (consommation répétée induisant des dommages sanitaires, professionnels, scolaires pour l'usager et/ou son entourage) et les risques de dépendance (la personne ne peut plus se passer de fumer des joints sous peine de souffrances physiques et/ou psychiques alors même que cette consommation est source de difficultés).    

Le questionnaire CAST

AU COURS DES 12 DERNIERS MOIS: 

  • Avez-vous fumé du cannabis avant midi ?
  • Avez-vous fumé du cannabis lorsque vous étiez seul(e) ?
  • Avez-vous eu des problèmes de mémoire quand vous fumez du cannabis ?
  • Des amis ou des membres de votre famille vous ont-ils dit que vous devriez réduire votre consommation de cannabis ?
  • Avez-vous essayé de réduire ou d’arrêter votre consommation de cannabis sans y arriver ?
  • Avez-vous eu des problèmes à cause de votre consommation de cannabis (dispute, bagarre, accident, mauvais résultat à l’école...) ?    

risques d’abus : 2 ou 3 réponses positives

risques de dépendance : au moins 4 réponses positives.

Il existe désormais des consultations médicales spécialisées, trop peu fréquentées à ce jour. En France, un réseau national de consultations spécifiques « cannabis » a été mis en place en 2005. Gratuites et anonymes, ces consultations permettent d'effectuer un bilan de la consommation et d'apporter un conseil personnalisé aux jeunes consommateurs ainsi qu’à leur famille. L’objectif est d'aider, en quelques consultations, à arrêter la consommation, voire de proposer une prise en charge à long terme si nécessaire. Mais ces consultations sont peu fréquentées : selon l’OFDT, 3% des fumeurs quotidiens de cannabis se sont déjà rendus dans un centre ou une association spécialisée, 4 % en ont parlé à leur famille ou à leurs amis et 5 % à un médecin (enquête Escapad 2008).

Numéros utiles

DROGUES INFO SERVICE : 0 800 23 13 13

ECOUTE CANNABIS : 0 811 91 20 20

FIL SANTÉ JEUNES : 0 800 235 236 

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