Réchauffement climatique : quelles perspectives en Arctique ?

Selon une récente étude du NSIDC, la calotte Arctique s'est encore fortement réduite cet été et ce, pour la quatrième année consécutive. Due au réchauffement climatique, cette fonte laisse entrevoir la possibilité d'exploiter une nouvelle région du monde, riche de promesses énergétiques et halieutiques.

le 21/12/2005

La fonte s'accélère en Arctique

Les régions polaires sont les plus sensibles aux effets du réchauffement climatique. Selon une récente étude du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), la superficie moyenne de la glace de mer en Arctique aurait diminué de 20% depuis 1979, soit d'environ 1,3 million de km².

Or, cette fonte accélérée a toutes les chances de se poursuivre : la plupart des scénarios climatiques prévoient que la calotte glacière arctique continuera de se réduire de 40 à 50% d'ici à 2100. La glace de mer pourrait ainsi passer d'une surface d'environ 10 millions de km² aujourd'hui en plein hiver à moins de 6 millions dans cent ans. Et à en croire les modèles les plus pessimistes, elle pourrait même disparaître totalement durant l'été à partir de 2070 !

Qu’est-ce que l’Arctique ?

L'Arctique est un océan de douze millions de km², entouré par huit Etats : le Danemark, la Norvège, la Finlande, la Suède, l'Islande, le Canada, les Etats-Unis et la Russie.

Quatre passages relient l'Arctique aux autres mers : le détroit de Béring, le détroit de Davis, le détroit du Danemark et la mer de Norvège.

Les températures de cet océan varie de -50°C en hiver à -1°C en été. En hiver, la glace recouvre environ 10 millions de km². En été, elle s'étale sur environ 5 millions de km².

Vers de nouvelles voies maritimes

Les futures « routes de l'Arctique »

De nombreux armateurs misent sur la diminution de la calotte glaciaire pour inaugurer, au moins en période estivale, de nouvelles liaisons maritimes. La « voie arctique » permettrait ainsi de joindre l'Asie à l'Europe en 13 000 km contre 21 000 actuellement en passant par le canal de Suez. Quant aux États-Unis, ils gagneraient 3 à 4 semaines pour rejoindre l'Alaska…

Outre l'intérêt commercial de ces routes, la navigation dans l'Arctique laisse entrevoir la possibilité d'exploiter une zone riche de promesses énergétiques et halieutiques.

L’Arctique, futur fournisseur mondial de gaz et de pétrole ?

Yves Mathieu, IFP : « Les réserves de l’Arctique en pétrole correspondent à environ quatre années de consommation mondiale actuelle »

Selon certains experts, l'Arctique renfermerait 10 % des réserves mondiales d'hydrocarbures et de gaz. Ces réserves pourraient bientôt être exploitées, grâce au réchauffement climatique, en en favorisant l'accès, et à la montée du prix du pétrole qui conduirait les grands groupes pétroliers à une prise de risque accrue. De fait, la course à l'or noir arctique est déjà lancée.

Le Danemark a ainsi délivré une licence de prospection et d'exploitation d'hydrocarbures à la compagnie canadienne Encana Corporation, qui prévoit plusieurs forages d'ici à 2008 dans la région du Groenland. De leur côté, les États-Unis cherchent à ouvrir à l'exploration leur domaine maritime en Alaska, pourtant réserve protégée depuis 1960…

Snohvit, le nouveau projet norvégien d'exploitation de gaz

Quant à la Norvège, elle vient de lancer un gigantesque projet d'exploitation de gaz dans la mer de Barents (Snohvit), près d'Hammersfest, l'une des villes les plus au Nord du globe. Près de 8,8 milliards de dollars ont déjà été investis dans ce projet qui devrait débuter en 2007.

Reste une condition à l'exploitation de ces réserves : le prix du baril doit demeurer suffisamment élevé pour permettre des coups de production supérieurs au pétrole « terrestre ». Les conditions d'exploitation devront en effet relever de nouveaux défis comme celui de faire face aux icebergs…

Un immense réservoir halieutique ?

Martin Fortier, directeur exécutif d'ArcticNet : « L’intérêt commercial pour la pêche ne concerne pas les populations du Grand Nord »

En plus des richesses énergétiques, l'océan arctique pourrait devenir une nouvelle zone de pêche. Plusieurs spécialistes des ressources halieutiques s'accordent en effet sur l'idée que certaines espèces, notamment les espèces subarctiques, migreront vers le Nord du fait du réchauffement climatique.

S'approprier ces ressources, comment ne pas y songer ? L'ensemble des pays côtiers en rêvent, et ils ne sont pas les seuls. Actuellement, la convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS) limite l'exploitation des ressources marines par les pays qui possèdent une façade maritime entre 12 et 200 milles de leurs côtes (entre 22 et 370 km). Toutefois, les pays peuvent demander à étendre cette zone d'exclusivité jusqu'à 350 milles dans certains cas particuliers (prolongation normale du plateau continental…).

Une conquête non sans risque…

Martin Fortier : « En augmentant le trafic dans l'Arctique, on augmente les risques écologiques »

La conquête de l'Arctique pose inévitablement des questions environnementales. Car ces routes maritimes resteront étroites et périlleuses et un accident provoquant, par exemple, une marée noire s'avèrerait catastrophique dans cette région du monde où la biodiversité est extrêmement riche mais aussi extrêmement vulnérable…

le 21/12/2005