Fusion nucléaire : énergie de demain ou utopie ?

À l'horizon 2050, pourra-t-on reproduire sur Terre l’énergie des étoiles et produire ainsi de l'électricité avec un faible impact sur l'environnement ? Une grande partie de la communauté scientifique internationale pense que le pari peut être gagné. Mais l'avenir de ce programme ambitieux est soumis à des décisions politiques.

Par Philippe Dorison, le 29/09/2003

Fission et fusion : ne pas confondre

Les centrales actuelles utilisent l’énergie dégagée par la fission de l’atome d’uranium, une réaction qui met en jeu des noyaux lourds.

La fusion, en revanche, consiste à fondre des isotopes de l’hydrogène (deutérium et tritium), les éléments atomiques les plus légers, pour obtenir de l'hélium et de l'énergie. Cette réaction nécessite une température très élevée, comme celle que l’on trouve au cœur des étoiles.

On peut y parvenir en bombardant les isotopes d'hydrogène par un faisceau laser très intense. L'inconvénient de cette méthode est qu'elle est très liée aux applications militaires. C'est pourquoi la plupart des scientifiques ont choisi de développer la méthode de confinement magnétique.

La fusion par confinement magnétique

Dans cette option, le plasma est obtenu grâce à différents systèmes de chauffage, notamment par micro-ondes. Pour ne pas détruire les parois qui l'entoure, il est maintenu en suspension au millimètre près par des champs magnétiques très intenses.

Le principal avantage de la fusion thermonucléaire est qu'elle libère une quantité d’énergie bien plus grande que la fission et ne produit pas de déchets radioactifs pendant des milliers d’années. De plus, le deutérium est quasiment inépuisable (il est présent dans l’eau) et le tritium est facile à produire.

Mais on est encore loin de maîtriser la fusion, qui nécessite une dépense d’énergie très importante. L’Union européenne, la Russie, le Canada et les États-Unis prévoient de construire en commun un réacteur expérimental (ITER), qui ne devrait pas fonctionner avant 2014. Il faudra ensuite plusieurs décennies avant d’espérer produire de l’électricité par fusion.

La fusion, solution miracle ?

Alain Dorange, responsable national de la Commission Énergie des Verts

Pas de dégagement de gaz carbonique (CO2), donc pas d’effet de serre, pas de risque d’accident puisque la réaction s’arrête dès que le plasma n’est plus alimenté… Les avantages de la fusion sont incontestables.

Sauf que la réaction de fusion dégage quand même une petite quantité de déchets radioactifs. Certes, moins qu'une réaction de fission, telle qu’elle se produit dans une centrale nucléaire, mais des déchets qu’il faudra malgré tout traiter.

Reste la question de la distribution d'une telle énergie potentielle. La puissance de cette source énergétique nécessitera des réseaux électriques dimensionnés en conséquence. A priori, la fusion thermonucléaire reste donc une piste de recherche dont ne pourraient profiter que les pays les plus développés.

Philippe Dorison le 29/09/2003