Inondations :comment maîtriser les risques ?

Pour prévenir les inondations, il faut aménager les cours d’eau mais aussi mieux gérer l’espace, en évitant de construire en terrain inondable et en sécurisant les zones à risque.

Par Marc Bertola, le 14/10/2003

Un plan de lutte national

Grands travaux à l’horizon. En 2004, des chantiers d’aménagement seront lancés dans 34 bassins hydrologiques en France pour réduire les risques d’inondation. Au total, 400 millions d’euros de crédits publics doivent être investis en quatre ans dans la construction de barrages et de digues, l’aménagement des cours d’eau, la protection des habitations exposées et l’amélioration des systèmes d’alerte. C’est la concrétisation d’un plan annoncé par l’État en septembre 2002, au lendemain des graves inondations qui ont frappé le sud de la France.

Lire également la question d'actualité : Retour sur les inondations de 2002

La ville d'Aramon dans le Gard a été inondée en septembre 2002



Environ 10 % de la population française vit dans une zone à risque. A elles seules, les inondations représentent les trois-quarts des dégâts causés par l’ensemble des catastrophes naturelles en France.

Dompter les eaux

Pour limiter les dégâts causés par une crue, il faut d’abord réduire la violence des cours d’eau avant qu’ils n’atteignent les zones habitées. La construction de barrages et de digues en amont permet de réguler le débit. En aval, des « zones d’expansion » (espaces aménagés autour du lit d’un fleuve) peuvent absorber les eaux en cas de débordement.

Construction de la nouvelle digue à Aramon




Dans le département du Gard, près de 170 ouvrages (essentiellement des petits barrages et des zones d’expansion) doivent être aménagés à partir de 2004.

Autre solution : encourager des pratiques agricoles qui permettent de ralentir les crues. Par exemple, préserver les haies et les talus, qui freinent l’avancée des eaux. Sur les coteaux, labourer dans le sens perpendiculaire de la pente. Laisser l’herbe pousser sur les sols, ce qui aide à retenir l’eau de pluie.

Mieux aménager l’espace

Le village de Thivencelles a été inondé en janvier 2002

Un grand nombre d’habitations ont été construites ces trente dernières années dans des zones inondables, avec pour conséquence une multiplication des sinistres. Dans la seule région Languedoc-Roussillon, depuis 1988, le montant moyen des dommages dus aux inondations atteint 150 millions d’euros par an.

Pour résoudre ce problème, il faut aménager autrement les zones habitées. Première priorité : empêcher les constructions nouvelles dans les zones inondables. C’est l’objectif des plans de prévention des risques d’inondations (PPRI). Ces documents élaborés par l’État dressent une « carte de risques » dans chaque commune et réglementent l’attribution des permis de construire.

Auparavant, la tradition orale permettait la transmission d'informations sur ces risques.

Michel Desbordes est hydrologue, directeur de l'Institut des sciences de l'ingénieur de Montpellier



“Aujourd'hui, les hommes n'ont plus
en mémoire les inondations du passé.“

Autre impératif : trouver de nouveaux espaces pour accueillir les populations en quête de logement. L’État encourage la reconquête du centre des villages, où de nombreux logements sont vacants, en aidant financièrement les rénovations. Il invite également les communes à trouver des espaces constructibles hors des zones inondables (par exemple sur des plateaux ou des coteaux). Une loi votée en juillet 2003 offre une aide financière pour les propriétaires sinistrés qui doivent reconstruire ailleurs. Autre nouveauté : l’État subventionne dorénavant les travaux de mise en sécurité des habitations situées en zone inondable – remontée des installations électriques au-dessus du niveau des eaux, relèvement des seuils d’accès aux maisons, création de sorties sur les toits pour permettre un hélitreuillage…

Informer plus vite

Les trois types d'inondation

« Vous devez vous préparer à revivre ce genre d’événement », lançait la ministre de l’Environnement Roselyne Bachelot aux habitants du Gard, un an après les inondations de septembre 2002. Même en multipliant les digues et les barrages, il est impossible d’empêcher complètement les inondations.

Mieux vaut s’y préparer, en s’appuyant sur un système d’alerte efficace. Le service national d’annonce de crues, géré par l’Etat, permet d’alerter la plupart des maires des communes exposées (plus de 6 000 en bénéficient en France).

Ce service, en cours de réorganisation, va devenir un système de « prévision des crues » qui repérera le plus tôt possible les risques d’inondations. Les bassins hydrologiques les plus sensibles seront dotés d’équipes spécialisées, et le réseau de radars Aramis, qui surveille les nuages les plus menaçants dans le sud de la France, va être renforcé. En août 2003, un service central de prévision des crues a été ouvert à Toulouse. Sa mission : aider à mieux prévoir les inondations en centralisant les informations de Météo France.

Marc Bertola le 14/10/2003