Dernières nouvelles de Mars : allô ! sondes et robots... ?

Elles étaient cinq : une britannique, une européenne, deux américaines et une japonaise. Cinq sondes à avoir profité du rapprochement exceptionnel Terre-Mars de l'été 2003 pour partir à l'assaut de la planète rouge. Trois d'entre elles sont arrivées à destination sans encombre.

Par Olivier Boulanger, le 30/04/2004

Spirit

Arrivé sur Mars le 4 janvier 2004, Spirit a créé l’émotion en envoyant les premières images du sol martien depuis 1997 (date de la mission Pathfinder), dont un magnifique panorama couleur de son site d’atterrissage :

Spirit a été envoyé au fond du cratère Gusev. De nombreux indices géologiques, en particulier une vallée profonde située au sud de cette formation, montrent que le cratère a vraisemblablement été envahi par les eaux, il y a environ trois milliards d'années. Mission pour Spirit : en trouver les traces… Malgré un bug informatique qui a immobilisé le robot durant deux semaines, Spirit a rempli sa mission. En trois mois, le robot a pu parcourir quelque 1,2 km tout en étudiant la géologie du terrain.

Le cratère Gusev dans lequel a atterri Spirit.

D'un point de vue scientifique, le cratère Gusev se révèle décevant. Aucun élément n'a permis de confirmer la présence d'eau dans le passé : si eau il y a eu, elle n'est pas restée suffisamment longtemps pour que des conditions favorables à la vie puissent s'installer.

Malgré tout, la mission de Spirit, qui s'est achevée le 4 avril, a été prolongée jusqu'au mois de septembre. Le robot se dirige désormais vers un groupe de collines dont la géologie pourrait être plus intéressante que celle du site d'atterrissage.

Opportunity

Deuxième atterrissage réussi pour les États-Unis ! Le 25 janvier dernier, trois semaines après son jumeau* Spirit, Opportunity s'est posé sans encombre sur la planète rouge. Les premières images envoyées vers la Terre le jour même de l'atterrissage ont créé la surprise : la sonde s'est posée au milieu d'un petit cratère de 20 m de diamètre. Cette situation n'a rien d'inquiétant, bien au contraire : les géologues de la Nasa estiment ce terrain très prometteur d'un point de vue scientifique.

Opportunity a été envoyé au milieu de Meridiani Planum, une région martienne qui, selon les sondes Mars Global Surveyor et Mars Odyssey, renfermerait de l'hématite, un oxyde de fer qui ne peut se former qu'en présence d'eau. Il reviendra à Opportunity d'en retrouver les traces.

Il faut croire que le choix du site a été judicieux. Durant ses trois mois de mission, Opportunity a pu découvrir des dépôts de sel et des structures cristallines montrant clairement que Meridiani Planum a été recouvert d'une étendue d'eau salée ! Opportunity va également poursuivre sa mission jusqu'en septembre. Le centre de contrôle vient ainsi de donner l'ordre au robot de se rendre au bord d'un cratère appelé Endurance, au potentiel scientifique important. Une fois au bord du cratère, la Nasa décidera s'il doit tenter d'y descendre.

* Après le double échec de 1999 (la perte de Mars Polar Lander et de Mars Climate Orbiter), la Nasa a voulu mettre toutes les chances de son côté en doublant la mission Mars Exploration Rover. Deux robots sont donc partis à l'assaut de la planète rouge : Spirit et Opportunity. Coût total de l'opération : 800 millions de dollars.

Mars Express

L'échec de Beagle 2 (voir plus loin) a failli faire oublier Mars Express, l'orbiteur de l'Esa, qui constitue pourtant l'essentiel de la mission européenne. Non ! Mars Express ne s'est pas écrasé sur le sol martien (comme certains médias l'ont annoncé !) : après avoir largué Beagle 2, la sonde européenne s'est parfaitement placée en orbite autour de Mars et délivre déjà ses premiers résultats scientifiques.

De la glace d'eau au pôle sud martien...

Mars Express vient ainsi de confirmer la présence d'eau sous forme de glace au pôle sud de la planète rouge. La sonde américaine Mars Odyssey, en orbite autour de Mars depuis 2001, avait déjà montré de manière indirecte (par mesure de protons) que Mars abritait de l'eau. La sonde européenne en apporte une preuve directe, en particulier grâce aux mesures réalisées par son spectromètre (de conception française) baptisé Omega.

Mars Express a pu également démontrer ses talents de photographe en réalisant plusieurs images à très haute résolution de la surface martienne.

La première image martienne de Mars Express.

Beagle 2

Beagle 2, un concentré de technologie

Largué par la sonde européenne Mars Express, le petit module britannique Beagle 2 devait se poser le 25 décembre 2003 dans la région martienne de Isidis Planitia et y rechercher les traces d'une vie passée ou présente. Pour signifier que son atterrissage s'était bien passé, il devait émettre un signal musical de 9 notes (composé par le groupe de pop anglais Blur !). Mais à ce jour, tous les efforts pour capter ce signal ont été vains. Qu'est-il advenu de Beagle 2 ? S'est-il écrasé ? Ou a-t-il atterri au fond d'un cratère, rendant toute communication impossible ? Il est vraisemblable que nous ne connaîtrons jamais le fin mot de l'histoire.

Des débuts difficiles...

À l'image de cette fin prématurée, les débuts de Beagle 2 ont été très difficiles. À tel point que le module a failli ne jamais quitter la Terre. De nombreux problèmes techniques et financiers ont jalonné le développement du petit atterrisseur. Jusqu'au dernier moment, le très médiatique Colin Pillinger - à l'initiative de ce projet privé - s'est efforcé de trouver des sponsors pour couvrir les 60 millions d'euros de la mission. Une somme réunie juste à temps grâce à l'apport de fonds privés (Martin Baker, Astrium…) et publics, complétés par une aide de l'Agence spatiale européenne (Esa).

Nozomi

Les errements de Nozomi

L'agence spatiale japonaise a mis un terme à sa mission martienne Nozomi (« espoir » en japonais) : la sonde n'a pas survécu à ses mésaventures… Lancée en juillet 1998, Nozomi devait rejoindre Mars, en octobre 1999, afin d'étudier la haute atmosphère martienne et son interaction avec le vent solaire grâce à quatorze instruments scientifiques issus de cinq nations (Japon, Suède, Allemagne, Canada et États-Unis). Mais fin 1998, une erreur de trajectoire entraînant une très grande consommation de carburant force les responsables à opter pour un autre chemin. « Plus économique » mais aussi beaucoup plus long, imposant à la sonde trois révolutions autour du Soleil et deux passages à proximité de la Terre. L'arrivée est dès lors prévue pour janvier 2004. On sait aujourd'hui que Nozomi n'arrivera jamais à destination : le froid, le manque d'énergie et une tempête solaire ont eu raison de la petite sonde...

Olivier Boulanger le 30/04/2004