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B.A.BA d’économie
ou changer de fournisseur en permanence. Dans l’économie
domestique, par exemple au sein d’une famille, il y a des ren-
vois d’ascenseur à long terme qui ne relèvent pas directement
de la logique de marché. Par ailleurs, on touche avec les rela-
tions familiales aux limites de l’intérêt individuel : le fait que
les gens aiment léguer un héritage à leurs enfants montre que
leur bien-être est directement lié à celui de leurs descendants ;
ce n’est donc évidemment pas une simple transaction dont on
attend quelque chose en retour. L’aspect économique des rela-
tions familiales est un peu tabou, mais certains économistes
parlent pourtant de «marché du mariage» : les individus choi-
sissent avec qui signer ce contrat à long terme en comparant les
options possibles, ils ne choisissent pas au hasard…
Au sein des entreprises, on observe aussi
des relations répétées.
Oui, c’est exact : dans une entreprise, les gens négocient leur
salaire, puis coopèrent jour après jour avec leurs collègues
pour faire avancer les projets. Ils ne sont pas tout le temps en
train de négocier ou de comptabiliser le prix de leurs services,
de l’accès aux machines, etc. Cela simplifie les choses, favorise
la coopération et fournit une sorte d’assurance (« je toucherai
mon salaire, même si l’entreprise a moins besoin de moi ce
mois-ci »). En même temps, il y a bien derrière cela un marché
de l’emploi : quand on embauche, on compare les diplômes
des candidats, leur expérience et leurs exigences salariales.
On retrouve aussi cette importance des relations à long terme
entre les entreprises et leurs fournisseurs ou entre une entre-
prise et son banquier. Si un banquier connaît depuis long-
temps une entreprise et qu’il lui fait confiance, il lui tiendra
moins rigueur d’un problème de trésorerie passager. Cela
n’est pas un phénomène de marché.
Tout bien ou service a-t-il, selon vous,
vocation à être échangé sur le marché ?
Ce n’est pas noir ou blanc. L’État intervient sur le marché pour
éliminer les transactions perverses. Je citerai deux motifs d’in-
tervention. D’abord les externalités : si un consommateur veut
On parle d’externalité
lorsque les actions
d’un agent ont un
impact positif ou
négatif sur un autre
agent, sans qu’existe
une possibilité de
transaction directe
entre les deux
agents concernant
cette action. Par
exemple, lorsqu’un
mathématicien
découvre un
théorème, celui-ci
devient disponible
gratuitement pour
tous : c’est une
externalité positive.
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