B.A.BA d’économie
Le problème des marchés financiers réside
dans l’opacité de leur fonctionnement ?
Le manque de transparence a été au cœur de la crise actuelle.
Beaucoup de choses restent opaques, notamment le détail
du bilan des banques : que possèdent-elles exactement, que
doivent-elles payer à d’autres acteurs, qui sont ces autres
acteurs ? Cette opacité génère des phénomènes déstabilisa-
teurs de contagion entre les banques (c’est le « risque systé-
mique »). Les grandes banques se savent protégées par l’État et
elles en tirent parti. Il faut donc pouvoir surveiller les risques
qu’elles prennent, puisque, en cas d’accident, c’est le contri-
buable qui paie. Il reste d’importants progrès à faire dans ce
domaine, et cela passe par la production d’une quantité plus
grande d’information publique. Les banques se battent pour
éviter le basculement de certaines activités (par exemple le
marché des obligations ou celui de certaines options) vers
des marchés transparents. La raison, c’est que l’opacité et la
complexité, qui sont des sources de risques, sont aussi généra-
trices de revenus très élevés dans cette industrie.
C’est donc ça, le paradoxe, finalement ?
Les premiers adversaires des marchés en sont
aussi les acteurs.
Bien sûr: il faut en permanence défendre le capitalisme contre
les capitalistes. Mais cela n’est pas vraiment paradoxal. Souvenez-
vous de la distribution des rôles sur le marché: le vendeur veut
vendre cher. Le capitaliste, c’est le vendeur. Une fois établi, il a
tout intérêt à empêcher l’entrée de concurrents: c’est son rôle de
maximiser ses profits. Or, dans l’esprit du capitalisme, les
profits anormalement élevés (les «rentes») ont vocation à
disparaître, du fait de la pression de la concurrence et de
l’innovation. Cette tension nécessite une vigilance perma-
nente: les lobbies industriels, qui défendent les intérêts
des grandes entreprises, cherchent souvent à influencer
le régulateur et les politiques pour faire passer des lois
qui limitent la concurrence (en prétextant, par exemple,
qu’il faut protéger l’emploi ou le consommateur). Il faut
savoir leur résister et décrypter leurs revendications.
Le bilan
d’une entreprise,
c’est d’une part ses
«actifs » (tout ce
qu’elle possède),
et de l’autre son
«passif», c’est-à-dire
ce qu’elle doit à ses
créanciers et à ses
actionnaires.
Si la valeur du passif
est supérieure à celle
des actifs, l’entreprise
risque la faillite
au bout d’un certain
temps.
Les obligations
d’entreprises sont
des contrats de
dette qui peuvent
être échangés.
L’entreprise
rembourse
périodiquement sa
dette au détenteur
de l’obligation.
Contrairement
aux actions, les
obligations ne sont
pas échangées
sur des marchés
transparents.
Manifestation en 2012 des employés
du Crédit immobilier de France (CIF)
contre la fermeture programmée
de la banque (Paris, France).
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