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Les acteurs, le marché et l’État
à 100 kilomètres. Enfin, chaque producteur, chaque acheteur
doit représenter une toute petite part de l’ensemble du secteur.
Mais il existe un écart entre les principes
du marché et le fonctionnement réel de la vie
économique et sociale...
Et c’est précisément cet écart qu’étudie la recherche en éco-
nomie ! Le marché pur et parfait est un cadre conceptuel utile
pour comprendre certaines forces de l’économie, mais ce qui
est intéressant et important pour comprendre le réel, c’est d’y
ajouter des grains de sable : par exemple, un acheteur connaît
d’ordinaire moins bien ce qu’il achète que le vendeur. C’est une
situation d’«asymétrie d’information», sur laquelle est basée
toute la théorie du crédit ou de l’assurance. On peut parler alors
de «marché imparfait ». De même, la concurrence est rarement
parfaite : il est coûteux de chercher un autre fournisseur, ou un
autre employeur. L’économiste incorpore cela dans ses modèles.
De plus en plus, on s’intéresse aussi en économie à la psycholo-
gie humaine : les gens ne sont pas des robots calculateurs ; par-
fois ils sont irrationnels et font des erreurs qu’on peut prévoir.
Pourriez-vous préciser la différence entre
le capitalisme et l’économie de marché ?
Le capitalisme, c’est l’idée qu’il y a une possession privée des
moyens de production, mais cela peut exister dans des écono-
mies qui ne sont pas des économies de marché. Imaginez une
situation où quelques familles possèdent les moyens de pro-
duction du pays, mais ne laissent pas la concurrence opérer et
obtiennent donc une rente de monopole, c’est-à-dire des pro-
fits anormalement importants par rapport aux coûts de pro-
duction. Cela, c’est le capitalisme sans le marché… Il y a d’un
côté une notion de possession des moyens de production dans
des mains privées (le capitalisme) et, de l’autre, une logique
qui suppose la concurrence (le marché), la libre entrée. Et il
faut bien comprendre que les « capitalistes » sont en général
contre la concurrence, car cela diminue leur rente !
Rente de monopole  :
c’est le surplus
de profit qu’obtient
une entreprise
du fait de l’absence
ou de la faiblesse
de la concurrence.
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