Chevaux de course : dopage contrôlé ?

Les contrôles antidopage font déjà partie du quotidien des chevaux de course. Des contrôles jusque-là imparfaits… D'ici 2008, un dépistage des hormones de croissance devrait être mis en place et rendre encore plus difficile l'utilisation de ces produits dopants non détectables aujourd'hui. Mais une nouvelle menace se profile déjà, le clonage…

Par Méline Le Gourriérec, le 04/05/2007

Dépistage des hormones de croissance en 2008

Détecter la présence d'hormones de croissance dans l'organisme d'un cheval de course lors des contrôles antidopage devrait bientôt être possible. Dès juillet 2007, une étude menée par l'Institut national de recherche agronomique (Inra), en collaboration avec le laboratoire des courses hippiques de Verrières-le-Buisson tentera, en étudiant les effets de la substance dopante sur les organes de l'animal, de trouver une preuve biologique témoignant de l'administration illicite d'hormones de croissance.

Une étude transposable à l'homme... Yves Bonnaire, directeur du laboratoire des courses hippiques de Verrières-le-Buisson.

Aujourd'hui cette substance est difficile à détecter car elle ressemble en tous points à l'hormone de croissance produite naturellement dans l'organisme, et surtout du fait qu'elle ne reste pas suffisamment longtemps dans le corps – à peine quelques heures.

L'intérêt n'est donc pas de doser directement l'hormone de croissance introduite artificiellement mais de mesurer ses effets sur la durée. C'est donc une véritable investigation dans l'organisme des chevaux que les chercheurs doivent mener….

À la recherche de l’« empreinte génique »

Course de chevaux

Augmentation de la masse musculaire pour accroître les performances, accroissement de la masse osseuse pour diminuer les risques de fracture : l'hormone de croissance agit sur le niveau d'expression des gènes qui stimulent le développement des os et des muscles.

L'étude consistera, à partir d'une simple prise de sang, à repérer les gènes qui subissent l'influence de l'hormone de croissance parmi ceux exprimés par les globules blancs. Le prélèvement sanguin a été choisi afin de ne pas causer de traumatismes chez les chevaux de compétition en cas d'utilisation lors des contrôles antidopage. L'étude – basée sur l'utilisation des « puces à ADN » – sera menée le temps nécessaire pour évaluer la période durant laquelle une marque, une « empreinte génique » caractéristique d'une administration d'hormones de croissance, persiste sur les gènes. Les résultats définiront le temps pendant lequel une preuve d'administration de cette substance peut être obtenue.

Au-delà de l'hormone de croissance, il faut contrôler toutes les substances...

Mettre en évidence la prise d'hormones de croissance après des jours, des semaines, voire des mois, serait une avancée importante dans le contrôle antidopage équin. Cette méthode de détection dite indirecte – ce n'est pas la substance qui est détectée mais ses incidences – est autorisée par le code des courses. À terme, un outil de contrôle performant et fiable devrait pouvoir être mis en place et ce, quelle que soit l'espèce animale testée. Une application pour les humains est donc envisageable. Mais, à l'heure actuelle, la réglementation du contrôle antidopage chez les sportifs de haut niveau n'autorise pas la méthode de détection indirecte ; seul le dépistage de la substance peut prouver le dopage.

Du dopage équin au clonage…

En France, peu de cas positifs par rapport à d'autres pays...

En France, on compte chaque année, chez les chevaux de course, 22 000 à 23 000 contrôles antidopage à toutes les substances dopantes recensées (principalement les stéroïdes anabolisants et les amphétamines). De ces contrôles seulement 0,5% de cas positifs sont détectés. « Nous effectuons beaucoup de contrôles par rapport aux autres pays, souligne Yves Bonnaire, directeur du laboratoire des courses hippiques. Par rapport aux autres disciplines équestres [comme le saut d'obstacle]. » On devrait donc en conclure que les courses de chevaux comptent parmi les sports les plus vertueux. En tout cas durant la période de course (après les courses, lors des épreuves de qualification ou pendant l'entraînement) où les contrôles sont effectués… Les risques de dopage ne doivent cependant pas être sous-estimés. « Des substances telles que l'hormone de croissance sont susceptibles d'être utilisées durant la période de l'élevage », tient à préciser Yves Bonnaire, période qui échappait jusqu'à présent aux contrôles. En fait dans les milieux hippiques, la décision a déjà été prise de démarrer prochainement les contrôles durant l'élevage.

Reste que le dopage pourrait bien laisser place au clonage. En 2005, le clonage d'un ancien champion a été réalisé pour préserver son patrimoine génétique d'exception. Depuis, ce type de manipulation génétique se serait répandu de façon non officielle. Pourtant une évidence mérite d'être rappelée : un cheval cloné à partir du patrimoine génétique d'un crack ne devient par forcément lui-même champion. D'autres facteurs déterminants interviennent comme l'entraînement ou la psychologie de l'animal.

Méline Le Gourriérec le 04/05/2007