Espace : la Lune s’éloigne des États-Unis

L'Administration américaine vient d'annoncer qu'elle renonçait au programme Constellation de la Nasa, qui prévoyait le retour d'hommes sur la Lune d'ici dix ans.

Par Romain Lejeune, le 02/02/2010

Retour vers le futur

Il y a 40 ans, l'homme sur la Lune

Nous sommes en 2020. Plus de cinquante ans après avoir été foulée par Neil Armstrong, la Lune est de nouveau américaine. Une équipe d'astronautes de l'Agence spatiale américaine (Nasa) s'apprête à s'y installer pour des missions de longue durée.

Ce programme concrétise la stratégie spatiale des États-Unis définie par George W. Bush en janvier 2004. Son principal objectif : relancer l'exploration de la Lune par des vols habités. Ce programme était intitulé Constellation, il n'aura finalement pas lieu.

George W. Bush, le 14 janvier 2004 : « Il est temps pour l'Amérique de franchir une nouvelle étape... »

Retour en 2003. La navette spatiale américaine Columbia (ou OV-102 / Orbital Vehicle-102) se désintègre lors de son 28e vol, le 1er février. La navette est détruite et les sept membres de l'équipage meurent durant la phase de rentrée dans l'atmosphère. George Bush, alors président des États-Unis, décide cependant de poursuivre le programme d'exploration spatiale.

Le 14 janvier 2004, il fixe des objectifs ambitieux à la Nasa : le retour d'hommes sur la Lune en 2020 pour préparer de futures missions habitées sur Mars. Ce nouveau projet prévoit le développement de deux nouveaux lanceurs, Ares I et Ares V, ainsi que de deux véhicules spatiaux : Orion et le module lunaire Altair.

Un programme spatial trop coûteux

Le module d’atterrissage Altaïr

Cinq ans plus tard, le programme a pris beaucoup de retard et, en septembre 2009, il est remis en cause par une commission d'experts indépendants chargée d'évaluer son coût et sa faisabilité. Face à un pays endetté à hauteur de 1 200 milliards de dollars (860 milliards d'euros), Barack Obama a pris la décision le 1er février 2010 de ne pas poursuivre le programme.

Jusqu'ici, 9 milliards de dollars (6,5 milliards d'euros) ont été dépensés pour la mise au point de la fusée Ares et de sa capsule habitée Orion ; pour mener le programme Constellation à son terme, il aurait fallu ajouter environ 90 milliards de dollars (65 milliards d'euros) supplémentaires. « Le président a élaboré un plan pour que la Nasa investisse dans des technologies […] qui nous permettront de voler au-delà de l'orbite terrestre avec le développement de nouveaux lanceurs et de nouvelles technologies de transport spatial », explique Charles. F Bolden, patron de la Nasa.

Le président américain propose aujourd'hui d'augmenter de 6 milliards de dollars (4,3 milliards d'euros) sur cinq ans le budget de la Nasa, qui devrait ainsi atteindre 19 milliards de dollars (13,5 milliards d'euros) en 2011. Cet argent permettra d'élaborer des fusées capables de remplacer les navettes spatiales qui feront leur dernier voyage fin 2010. Un appel aux entreprises privées a également été lancé pour aider à financer ce projet. Ces fusées transporteront des hommes en orbite vers la Station spatiale internationale (ISS), qui voit sa durée de vie prolongée de cinq ans, jusqu'à 2020.

Romain Lejeune le 02/02/2010