Bilan : comment va l’environnement en France ?

Une étude du ministère de l'Écologie dresse un bilan de l'état de l'environnement en France depuis vingt ans. Les émissions polluantes diminuent en partie, mais l'érosion de la biodiversité s'accentue.

Par Romain Lejeune, le 21/06/2010

Des émissions polluantes en baisse, hormis le CO2

Évolution de la pollution de l'air entre 2000 et 2008

Un panorama complet de l'état de l'environnement en France (qualité de l'air, état des sols, évolution de la biodiversité...) vient d'être rendu public. Réalisé par le ministère de l'Écologie, ce bilan pointe quelques bons résultats. Par exemple, entre 1990 et 2007, certaines émissions polluantes ont diminué, alors que le trafic routier n'a cessé d'augmenter (+19%).

À cela deux raisons : les progrès technologiques réalisés sur les moteurs et les carburants, et la progression des moteurs diesel dans le parc automobile (64% du parc automobile en 2007 contre 24% en 1990). Une « diésélisation » aujourd'hui encouragée par le dispositif de bonus-malus écologique mis en place en 2008. Sur la période 1990-2007, les émissions d'oxyde d'azote ont diminué de 37,6 %, celles de monoxyde de carbone de 83,3 %, tandis que les émissions de plomb ou de dioxyde de soufre ont quasiment disparu. En revanche, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont augmenté d'environ 14% en pratiquement vingt ans.

Dégradation relative pour l’eau et les sols

Eau de source sous surveillance

Point négatif : les nitrates et les pesticides sont très présents dans les cours d'eau et les nappes d'eau souterraines du pays, et les sols sont pollués par le plomb et le cuivre. Ainsi, des teneurs élevées en nitrates (concentrations moyennes qui dépassent 40 mg/l) ont été retrouvées dans les eaux souterraines du nord-ouest et du centre-nord de la France. De plus, de fortes concentrations de pesticides ont également été relevées dans les régions qui se livrent à une pratique intensive de l'agriculture : Midi-Pyrénées, Bassin parisien, vallée du Rhône, nord de la France. Aux abords des grandes villes et régions fortement industrialisées, les sols sont, quant à eux, pollués par le plomb issu des retombées atmosphériques. Quant aux vignobles et aux vergers, ils sont contaminés par le cuivre provenant des traitements phytosanitaires.

La Biodiversité à la peine

Évolution des aires protégées en France entre 1998 et 2008

Côté biodiversité, les résultats ne sont guère optimistes. Premier exemple significatif : depuis 1990, le nombre d'oiseaux métropolitains (moineaux, mésanges, etc.) a diminué en moyenne de 10%. Mais le déclin diffère selon les milieux observés. Ainsi, les oiseaux des milieux agricoles ont perdu 20 % de leurs effectifs en vingt ans, contre 11% pour les oiseaux forestiers. À l'inverse, les populations d'espèces (dites généralistes) qui peuvent évoluer dans n'importe quel milieu ont progressé de 19 % sur la même période.

Les rapporteurs de l'étude expliquent cette érosion de la biodiversité par « l'étalement urbain, le développement des grandes infrastructures ou encore l'intensification des activités humaines sur certains territoires ». Des phénomènes qui entraînent la destruction de certains habitats naturels et la fragmentation des milieux. Pour assurer l'évolution de certaines espèces animales et végétales, les « espaces protégés » se multiplient (en hausse de 32% de 1998 à 2008). Ainsi, le réseau écologique d'espaces naturels « Natura 2000 », lancé en 1992, couvre aujourd'hui 12,5% du territoire.

Vers un changement de nos modes de vie ?

« Modifier nos modes de vie pour utiliser moins de matières premières et d'énergie, afin de moins polluer et moins produire de déchets est devenu une injonction largement admise », conclut l'étude du ministère de l'Ecologie. Pourtant, les pressions anthropiques pèsent de plus en plus sur un environnement devenu vulnérable.

A l'aube du Grenelle de l'environnement, des problèmes de fond restent en suspens. Un Grenelle dont les premiers résultats n'ont pas été pris en compte dans ce bilan de l'environnement qui s'arrête en 2008.

Romain Lejeune le 21/06/2010