La rougeole gagne du terrain en France

Première cause de mortalité par infection dans le monde jusqu’à l’arrivée du vaccin, la rougeole fait un retour en force dans l’Hexagone depuis 2008. C’est ce que révèle le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) qui qualifie de « véritable épidémie » cette constatation alarmante dans notre pays.

Par Chantal Le Restif, le 22/09/2011

Cas de rougeole par mois, selon les déclarations obligatoires, de janvier 2008 à juin 2011

L’étude publiée cette semaine par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire* (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS) rend compte de l’ampleur de la progression de la rougeole dans l’Hexagone depuis plus trois ans. Entre janvier 2008 et avril 2011, la France a en effet déclaré près de 18 000 cas de rougeole. Et la progression est constante : 604 cas en 2008, 1 547 en 2009, 5 064 en 2010 et déjà 10 745 pour les quatre premiers mois de cette année. Rappelons qu’en 2007, il n’y avait eu que 50 cas !
* BEH, n°33-34, 20 septembre 2011.

Qu’est-ce que la rougeole ?

L'éruption caractéristique de la rougeole forme des plaques rouges.

Classée parmi les maladie à déclaration obligatoire depuis 2005, la rougeole est une maladie virale, dont la contagion – très forte – se fait par voie aérienne, soit directement auprès d’une personne malade, soit indirectement en raison de la persistance du virus dans l’air ou sur une surface contaminée.

La maladie se déroule en quatre phases : l'incubation dure de 10 jours à 3 semaines ; l'invasion dure 4 jours avec une forte fièvre ; l'éruption dure de 4 à 5 jours ; enfin, la desquamation de durée variable. La période contagieuse peut commencer pendant la phase d'incubation et dure jusqu'à 5 jours après l'éruption.

Certaines régions plus touchées que d’autres

Distribution géographique des cas déclarés entre le 1er août 2010 et le 31 juillet 2011

L'Auvergne (12,8 cas pour 100 000 habitants) a été la région la plus touchée au cours de la première vague épidémique – d’octobre 2008 à septembre 2009 –, alors que la seconde vague – d’octobre 2009 à septembre 2010 – a été marquée par une recrudescence de la rougeole dans la région Midi-Pyrénées (15,7 cas) et le Limousin (13 cas). Entre octobre 2010 et avril 2011, ce sont la région Rhône-Alpes (85,2 cas) et le Languedoc-Roussillon (37,3 cas) qui ont connu la plus forte épidémie.

Depuis 2008, l’épidémie a entraîné plus de 4 000 hospitalisations, 808 pneumonies virales ou bactériennes graves, 26 complications neurologiques à type d’encéphalite ou de myélite : au total, cette maladie a été à l’origine de 10 décès, dont 9 chez des moins de 30 ans parmi lesquels 7 présentaient un déficit immunitaire et ne pouvaient donc être protégés par la vaccination.

« La situation actuelle est la conséquence d’une couverture vaccinale insuffisante et hétérogène, ayant conduit à la constitution progressive d’un réservoir important de sujets réceptifs, expliquent les experts du BEH. Elle souligne l’urgence du rattrapage vaccinal des enfants, adolescents et jeunes adultes afin d’atteindre les niveaux d’immunité nécessaires pour arrêter la circulation du virus et protéger les populations vulnérables qui ne peuvent bénéficier de cette vaccination : les enfants de mois d’un an, les immunodéprimés, les femmes enceintes. »

La France n’est pas la seule dans ce cas, d’autres pays européens font le même constat, mais c’est en France que la poussée est la plus forte. Remède préconisé par l’Académie de médecine : une meilleure information du public et un objectif de vaccination de 95% des enfants à 24 mois.

Chantal Le Restif le 22/09/2011