Implants mammaires PIP à explanter

En fin de semaine, le ministre de la Santé doit annoncer les mesures prises au sujet des implants mammaires PIP, à risque de rupture élevé. En France, 30 000 femmes sont concernées. À l’étranger, les autorités sanitaires réagissent aussi mais sans nécessairement proposer une explantation.

Par Chantal Le Restif, le 22/12/2011

Implant PIP défectueux

Avec un taux de rupture deux fois plus élevé que la normale, les implants mammaires fabriqués par la société Poly Implants Prothèses (PIP) avaient été suspendus par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) en mars 2010.

En effet, l’autorité de santé française avait réagi dès qu’elle avait eu vent d’une escroquerie possible sur le silicone utilisé par l’entreprise pour la fabrication de ces prothèses : du gel industriel au lieu de gel médical, dix fois plus cher.

Explantations sans précipitation

Après avoir reçu l’avis d’un groupe d’experts réunis par l’Institut national du cancer (Inca), le ministre de la Santé va dévoiler en fin de semaine les recommandations préconisées. Toutes les femmes qui ont reçu une prothèse de type PIP devraient se voir proposer de l’ôter, avec une prise en charge totale de l’Assurance maladie. En effet, face au risque de rupture, qui est réel et que l’on connaît, il s’agit de « prendre des mesures de prévention », recommande le professeur Laurent Lantieri, chef du service de chirurgie réparatrice à l’hôpital Henri-Mondor. Le risque de cancer – qui, pour l’heure, n’est pas avéré – passe au second plan ; il faut éviter à tout prix que le silicone se répande dans le sein, voire même qu’il migre dans le corps.

De la France à la Grande-Bretagne

La panique des implants mammaires s’étend au Royaume-Uni

En l’absence d’urgence réelle, les 30 000 personnes qui ont reçu des implants mammaires PIP en France vont se voir proposer de se faire explanter dans l’année qui vient. Cependant, les femmes qui ne souhaiteront pas d'explantation devront être suivies par échographie deux fois par an.

En Grande-Bretagne par contre, l’Agence britannique de surveillance des produits de santé (MHRA) estime qu’il n’est pas besoin de retirer les implants mammaires des quelque 40 000 à 50 000 femmes qui ont reçu des prothèses PIP. « Nous n’avons trouvé aucune preuve de leur toxicité », a expliqué Suzanne Ludgate, la directrice de la MHRA, sur la BBC. Disposant depuis 1993 d’un registre des prothèses mammaires en silicone qui permet de suivre les personnes ayant été implantées – ce dont la France ne dispose pas –, la Grande-Bretagne raisonne en termes d’analyse du rapport bénéfice-risque. Toutefois, 250 Britanniques ont porté plainte.

Ailleurs dans le monde

Au total, 65 pays ont importé des implants PIP, surtout en Amérique du Sud qui représentait plus de 50% des ventes de la société en 2008. Certains, comme le Brésil, avaient interdit cet implant avant que la société ne mette la clé sous le paillasson, juste après l’enquête pour escroquerie de l’Afssaps. Depuis mi-2010, plus aucune trace des dirigeants… Une information judiciaire pour « homicide involontaire contre un fabricant de prothèses » a été ouverte par le parquet de Marseille, après la mort d’une patiente atteinte d’un lymphome imputable au gel issu des implants incriminés.

Chantal Le Restif le 22/12/2011