Quand le génome aborigène refait l’histoire

Les ancêtres des Aborigènes auraient été les premiers Homo sapiens à quitter l’Afrique il y a 70 000 ans.

Par Paloma Bertrand, le 30/09/2011

La mèche de cheveu

L’histoire commence il y a presqu’un siècle, avec le voyage en Océanie d’un anthropologue anglais, Alfred Cort Haddon. Ce futur membre de la Royal Society parcourt alors l’Australie et la Papouasie pour réunir des informations sur les peuples dits « indigènes ». Il rassemble une collection d’objets et de spécimens qui, pour certains, vont dormir près de 90 ans dans des caisses de muséums. Parmi eux, une mèche de cheveu ayant appartenu à un jeune Aborigène croisé en 1923 dans une région reculée d’Australie.

Cette mèche fait aujourd’hui l’objet d’une attention extrême car elle vient d’être utilisée pour séquencer le premier génome aborigène. Un génome qui atteste que les Aborigènes sont bien les descendants des premiers Homo sapiens à avoir conquis l’Australie.

En violet, la route suivie il y a 70 000 ans par les ancêtres des Aborigènes. En noir, la migration plus tardive vers l'Europe et l'ensemble du continent asiatique.

Les auteurs de la publication (Science, 23 septembre 2011) vont encore plus loin : les ancêtres des Aborigènes auraient quitté l’Afrique, il y a environ 70 000 ans, bien avant que d’autres Homo sapiens ne s’installent en Europe et dans toute l’Asie. Ce génome aborigène vient ainsi bousculer l’hypothèse communément admise que tous les hommes actuels descendent d’un seul groupe d’Homo sapiens sortis d’Afrique il y a 50 000 ans.

Quant aux rencontres faites par ces premiers Homo sapiens en quête de nouveaux mondes, le génome rapporte que sur la longue route qui les a menés vers l’Australie, ils ont croisé en chemin des hommes de Neandertal et des hommes de Denisova, des espèces humaines aujourd’hui disparues dont ils portent quelques séquences dans leur ADN. Un brassage génétique qui témoigne une nouvelle fois d’un métissage préhistorique.

Paloma Bertrand le 30/09/2011