Dans l’ombre d’Éris

Située aux confins du Système solaire, la planète naine Éris n’a été découverte qu’en 2005. Profitant de son passage devant une étoile, les astronomes ont pu en apprendre un peu plus sur ce corps gelé situé à 14 milliards de kilomètres de la Terre.

Par Olivier Boulanger, le 10/11/2011

Eris et son satellite Dysnomie vus par Hubble

Si Éris est encore mal connue, ce petit corps gelé découvert en 2005 au-delà de l’orbite de Neptune a pourtant marqué l’histoire de l’astronomie.

Lors de sa découverte, Éris est pressentie comme étant plus grande que Pluton. Avec la mise au jour d’autres objets similaires – Haumea, Makemake ou encore Quaoar - c’est la définition même de planète qui est remise en question : soit l’on considère que tous ces corps sont des planètes, et dans ce cas, il faut admettre que notre système en compte des centaines ; soit ils n’en sont pas, et dans ce cas, Pluton doit être destituée de son titre. C’est ce second choix qui sera retenu, le 24 août 2006, par l’Union astronomique internationale.

Les planètes naines

Éris, au même titre que Pluton, Haumea ou Makemake, doit donc être considérée comme une « planète naine », un objet transneptunien (orbitant au-delà de Neptune), de la famille des plutoïdes (comparables à Pluton).

Reste que, située à 14 milliards de kilomètres, Éris n’en demeure pas moins inaccessible. Dans la revue Nature (du 27 octobre 2011), des astronomes européens expliquent comment ils ont pu obtenir des données un peu plus précises sur ce corps situé aux confins du système solaire.

Éclipse d’étoile

Durant quelques secondes, une étoile s'éteint, masquée par Eris

Il y a un an tout juste, le 10 novembre 2010, Éris passait devant une étoile. L’événement, aussi rare soit-il, n’a très objectivement rien d’extraordinaire. L’étoile s’éteint durant quelques dizaines de secondes – masquée par la planète naine – avant de réapparaître.

Le phénomène s’apparente en fait à une éclipse de Soleil. L’étoile ne disparaît que pour les observateurs situés dans « l’ombre » d’Éris, avec un temps d’occultation variable en fonction du lieu d’observation. En prenant cette mesure en différents points du globe, il est ainsi possible d’en savoir un peu plus sur l’ombre d’Éris, et sur Éris elle-même.

L’événement aura au final mobilisé une soixantaine d’astronomes professionnels et amateurs en France, en Espagne, au Brésil, en Belgique, au Chili, en Argentine, en Italie, en Allemagne, au Royaume-Uni et au Mexique. Et si dix des télescopes mobilisés sont restés sous les nuages, les deux télescopes de San Pedro de Atacama et un troisième, belge, basé à La Silla, ont bien détecté l'événement attendu.

Une lointaine jumelle de Pluton ?

Ces mesures auront permis de réévaluer la taille d’Éris. Initialement estimée à 2600 km de diamètre, elle apparaît aujourd’hui plus petite : 2326 km soit à peu près la taille de Pluton (entre 2300 et 2400 km).

Eris (vue d'artiste)

Cette taille plus réduite implique une densité plus importante. Selon les modèles planétaires, Éris apparaît ainsi comme un corps essentiellement rocheux, recouvert d’un manteau de glace de méthane d’une centaine de kilomètres d’épaisseur.

Chose surprenante, Éris est extrêmement brillante. Elle réfléchit 96 % de la lumière du Soleil : bien plus que la neige fraîche. Pour les chercheurs, cette caractéristique pourrait être due à la formation de glace d’azote lorsque la petite planète s’éloigne du Soleil et que sa surface se refroidit.

Olivier Boulanger le 10/11/2011