Curiosity, bilan 2012

Dernier des robots automobiles à s’être posé sur Mars, il y a près de six mois, Curiosity achève son rodage. Un processus long, précautionneux, destiné à vérifier le bon fonctionnement de ses instruments, avant l'ascension, très attendue, du pic du cratère Gale. 

Par Bernard Nomblot, le 20/12/2012

L'objectif de la mission : Aeolus

Curiosity s’est posé sur Mars le 6 août dernier, au milieu de Gale, un cratère de plus de 150 km de diamètre choisi en raison de la variété des terrains qu’il abrite. La durée de la mission du robot est théoriquement d’une année martienne, soit deux années terrestres environ. Durant ce laps de temps, Curiosity doit étudier le sol aux alentours du site d’atterrissage, avant d’entreprendre l’ascension des contreforts du pic central du cratère, qui culmine à près de 5 000 mètres. Véritable but de l’exploration, ce pic présente de nombreuses couches géologiques qui retracent l’histoire de Mars. C’est cette histoire qui doit être décryptée dans les mois et les années à venir, grâce à Curiosity notamment. 

Une mise en route précautionneuse

Au pied d'Aeolus Mons

Curiosity est nettement plus complexe que ses prédécesseurs, Spirit et Opportunity, aussi la période de mise en route, de test et de rodage est-elle beaucoup plus longue. Il faut dire que c’est un véritable laboratoire biochimique, avec pas moins de dix instruments servant à caractériser le sol martien. 

Curiosity est resté immobile les deux semaines qui ont suivi son atterrissage sur Mars. Les premiers jours ont été consacrés aux essais de mouvement de son bras mobile, pourvu de cinq instruments qui doivent tous pouvoir être placés en contact avec les roches à étudier. Parallèlement, chacune des 17 caméras qui équipent Curiosity a été testée. De fabrication partiellement française, la Chemcam est couplée à un faisceau laser et à un spectromètre qui permet d’analyser à distance la composition de roches vaporisées par le laser. Cette caméra a été testée avec succès le 19 août sur un morceau de basalte, une roche volcanique courante sur Mars. Pas de surprise donc, mais l’essentiel était de vérifier le bon fonctionnement de l’instrument.

Un demi-kilomètre en quatre mois

Des prélèvements sur la dune Rocknest

Le 22 août, après avoir vérifié qu'elles pivotent correctement, Curiosity effectue ses premiers tours de roues. Là encore, les opérateurs procèdent avec précaution, puisque seuls six mètres sont parcourus durant cette promenade initiale. Ce rythme d’escargot se maintient par la suite, puisque le 6 septembre, un mois après son arrivée, Curiosity n'a parcouru que 109 mètres - et encore moins de 500 mètres le 20 décembre. Durant tout le mois d’octobre et début novembre, il a prélevé des fragments de sol à proximité d’une dune surnommée Rocknest à l’aide d’une petite pelle. Cinq prélèvements ont ainsi été effectués pour permettre aux scientifiques de se familiariser avec le fonctionnement du bras robotisé.

L'impatience des aficionados martiens

Autoportrait sur Mars

Curiosity est en train d'effectuer ses essais instrumentaux dans une zone géologiquement intéressante, avec des terrains stratifiés qui constituent, peut-être, les restes d’un lac fossile. Mais pour les scientifiques qui suivent la mission, il ne s’agit que d’une mise en bouche avant l’ascension du pic central, le mont Aeolus, qui ne doit pas débuter avant six mois encore. 

Curiosity est censé rester en fonctionnement durant deux ans sur Mars. D'ores et déjà, cependant, la décision a été prise d'utiliser ce robot aussi longtemps que possible, soit probablement une dizaine d’années. Par la suite, un clone de Curiosity, envoyé par la Nasa à partir de 2020, doit prendre le relais de l'exploration du sol martien. Il sera équipé en bonne partie du même matériel que son prédécesseur. Raison de plus pour s'assurer, dès aujourd'hui, de leur pleine efficacité. 

Pour en savoir plus...

Sur le site de Science Actualités, vous pouvez lire notre dossier consacré à Curiosity, un robot en quête de vie martienne. Sur le site d'universcience.tv se trouvent également un reportage de Frédéric Castel, Le jour où Curiosity s'est posé sur Mars, ainsi que le film de la Nasa intitulé Les sept minutes de terreur. Vous pouvez enfin écouter l'interview de Michel Cabane, coresponsable de l'instrument SAM du rover américain. 

 

Bernard Nomblot le 20/12/2012