Une infection bactérienne pour lutter contre le paludisme

A l’université du Michigan, des biologistes sont parvenus à rendre transmissible de génération en génération une infection bactérienne chez des moustiques vecteurs du paludisme. Objectif : réduire leur sensibilité au parasite et ainsi enrayer la maladie qui sévit dans de nombreuses régions tropicales.

Par Olivier Boulanger, le 15/05/2013

L'anophèle stephensi sévit notamment en Asie du Sud Est

Dans la lutte contre le paludisme, l’une des stratégies envisagées consiste à infecter les moustiques à l’aide de microorganismes afin de réduire leur sensibilité au plasmodium, le parasite à l’origine de la maladie.

Dans cette approche, les bactéries de la famille des Wolbachia se révèlent être de bonnes candidates. S’installant dans le cytoplasme des cellules des insectes ou des vers nématodes, elles ont la faculté de se transmettre de génération en génération. Près de 60 % des insectes en sont déjà porteurs… mais cela ne concerne malheureusement pas les anophèles, c’est-à-dire les moustiques vecteurs de la dengue ou du paludisme.

Les glandes salivaires infectées par la bactérie Wolbachia (flèches blanches)

Et c’est plutôt dommage, car il a été montré en laboratoire que des moustiques infectés par ces bactéries vivent, certes, moins longtemps, mais deviennent surtout plus résistants aux parasites responsables du paludisme ou de la dengue. Le problème, c’est que chez ces insectes, l’infection ne se transmet pas de génération en génération.

Or, à l’université du Michigan, grâce à une technique de micro-injection d’embryon, une équipe de biologistes est parvenue à rendre la bactérie transmissible de génération en génération chez l’anophèle stephensi qui sévit en Asie du Sud-Est (Science, 10 mai 2013). De fait, ces chercheurs ont montré que la descendance était infectée et que les glandes salivaires des insectes renfermaient environ quatre fois moins de parasites.

En lâchant dans la nature des femelles contaminées, les scientifiques estiment ainsi que les populations naturelles sensibles au parasite pourraient disparaître en seulement huit générations, limitant ainsi la progression du paludisme dans les régions concernées.

Olivier Boulanger le 15/05/2013