Hausse des océans : glaciers et calottes tous les deux responsables

Selon des chercheurs du Massachusetts, les glaciers de haute montagne auraient déversé dans les océans des quantités d’eaux comparables à celles des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, entre 2003 et 2009.

Par Roxane Tchernia, le 24/05/2013

Image satellite de l
Image satellite de l'île d'Ellesmere

La contribution de la fonte des glaciers de montagne à l’élévation du niveau des océans aurait été sous-estimée. Alex S. Gardner et son équipe de l’université Clark dans le Massachusetts ont publié le 17 mai dans la revue Science une étude montrant que les glaciers de l’Arctique, d'Islande, d’Alaska, des Andes du Sud, de l’Himalaya et des glaciers périphériques du Groenland et de l'Antarctique participeraient à près de 30 % à cette augmentation. Un pourcentage équivalent est attribué aux calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, longtemps désignées comme principales responsables de la hausse du niveau de l’eau. C'est l’utilisation de satellites qui a permis d’aboutir à ces nouvelles estimations.

Entre 2003 et 2009, les chercheurs ont comparé les bilans de masse glaciaire obtenus par trois types de méthodes. La première est la plus traditionnelle. Elle se fonde sur l’extrapolation de mesures géodésiques et glaciologiques de carottes de glaces. Les deux autres s’appuient sur des valeurs d’altitude et de gravité, relevées par deux satellites : Gravity Recovery et Climate Experiment (GRACE) et Ice, Cloud and land Elevation satellite (ICEsat) lancés respectivement début 2002 et 2003. Or, l’analyse de ces résultats signale de fréquentes différences entre les données locales et satellitaires.

Des mesures remises en cause

Glacier Columbia, Alaska, juillet 2008
Glacier Columbia, Alaska, juillet 2008

Pour expliquer ce biais, l’équipe américaine a examiné de plus près les zones où ont été prélevés des échantillons. Elle a constaté que, souvent, la perte de masse est plus importante à ces endroits-là que dans le reste de la région d’étude. Les mesures ne sont donc guère représentatives, en particulier si le territoire concerné comporte peu de centres de prélèvement. C'est ce qui pourrait expliquer la surévaluation du rôle des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique par rapport aux autres glaciers.

Pour Alex S. Gardner, l’auteur de l’étude, la combinaison des trois types d’enregistrement permettrait de réduire ce facteur d’imprécision. Il espère fournir une évaluation qui mettrait enfin tous les scientifiques d’accord. Ses collègues et lui demandent un réexamen des précédentes estimations globales. La participation de la fonte des glaciers et calottes glaciaires à l’augmentation totale du volume des océans pourrait alors être revue à la baisse. Christian Vincent, chercheur au Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement (LGGE) de Grenoble, appelle cependant à la prudence : « L’étude a été menée entre 2003 et 2009. Six ans, c’est une période très courte pour tirer un bilan. Les conclusions doivent rester mesurées ».

Roxane Tchernia le 24/05/2013