Chine : objectif Lune

Quarante ans après l’Union soviétique, la Chine s'apprête à faire rouler un robot sur la Lune. Une première pour ce pays qui souhaite mettre en œuvre un ambitieux programme d’exploration lunaire.

Par Bernard Nomblot, le 02/12/2013

Lancement de Chang'e

Très ambitieux, le programme spatial chinois ne se limite pas à des satellites en orbite autour de la Terre ni aux vols humains habités. La Lune, elle aussi, est dans le viseur de la Chine.

Après avoir lancé en 2007 et 2010 les sondes lunaires Chang’e 1 et 2, qui ont cartographié en détail notre satellite depuis l’orbite lunaire, la Chine a lancé le 1er décembre Chang’e 3. D’ici deux semaines, l’engin, d’une masse de 3.700 kilos, devrait se poser en douceur sur notre satellite. L’atterrisseur devrait rester opérationnel durant trois mois afin d'étudier en détail son environnement, en photographiant et analysant le sol lunaire.

Mais le clou du spectacle interviendra quelques jours plus tard, lorsqu’une petite voiture robotisée quittera l’atterrisseur.

Yutu, rover lunaire

Le robot automobile Yutu (c'est-à-dire le « lapin de jade »), d’une masse de 120 kilos, devrait explorer le golfe des Arcs-en-ciel, situé en bordure de la mer des Pluies, durant une durée minimum de trois mois.

Selon la télévision chinoise, ce véhicule entièrement autonome se déplacera à une vitesse maximale de 200 mètres par heure, grâce à ses six roues indépendantes les unes des autres, mues chacune par un moteur électrique alimenté grâce à un panneau solaire. Ce système permettra de pallier à la défaillance éventuelle d’une roue.

Yutu devrait être capable de franchir des obstacles de 20 cm et d'escalader des pentes de 20°. Équipé de trois paires de caméra, il fournira des images en relief du sol lunaire. Il est également muni d’un bras articulé couplé à un spectromètre pour l'étude du sol. Un spectromètre infrarouge caractérisera la minéralogie lunaire et un radar sondera le sous-sol jusqu’à cent mètres de profondeur.

Cette nouvelle étape du programme chinois d’exploration lunaire devrait être prolongée, vers 2017, par une mission automatique qui rapportera sur Terre des échantillons de roches. À terme, les Chinois envisagent de réaliser des vols lunaires habités et même de fonder une base lunaire habitée à l’horizon 2030.

Des noms ancrés dans la tradition

Le nom du programme d’exploration lunaire provient d’une légende chinoise. Chang’e désigne une jeune femme qui vit éternellement sur la Lune après avoir avalé un élixir d’immortalité. Elle vit à l’ombre d’un cannelier, accompagnée d’un lapin : Yutu, le lapin de jade. Le thème d'un lapin vivant sur la Lune apparaît aussi dans les folklores des autres pays asiatiques et, ailleurs, dans la mythologie aztèque. Peut-être car les taches sombres visibles à l’œil nu sur notre satellite peuvent évoquer la silhouette d’un lapin...

Bernard Nomblot le 02/12/2013