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La protéine S d’un virus SARS-CoV-2 (en rouge) est la cible d’anticorps différents. Parmi eux, les anticorps se fixant au domaine de liaison et ceux se liant au domaine N-terminal (NTD) sont neutralisants.

informations mises à jour le 13/10/2022

30. Comment les anticorps luttent-ils contre le SARS-CoV-2 ?

Le mode d’action des anticorps est plus large qu’on ne l’imagine. Et ceux dirigés contre le SARS-CoV-2 n’échappent pas à cette diversité.

L’action la plus connue des anticorps est leur fixation sur le virus, plus précisément leur attachement au domaine de liaison au récepteur de la protéine S. Le domaine de liaison, ou RBD (receptor binding domain), est la région du spicule qui se lie aux récepteurs ACE2 de la cellule et permet l’entrée de la particule virale (voir question H). Les anticorps qui se fixent au RBD sont dits neutralisants : ils neutralisent l’effet du virus en l’empêchant de pénétrer dans les cellules pour s’y multiplier.

Mais dans les faits, 80 % des anticorps ciblent un autre endroit que le RBD, tel que le domaine N-terminal ou NTD (voir illustration). Beaucoup restent efficaces, d’autres sont alors sans effet : ils sont non neutralisants.

Mais l’action des anticorps ne se borne pas à recouvrir le virus pour l’empêcher d’entrer dans une cellule. Ils sont également actifs dans sa destruction.Une fois fixés sur le virus, ils peuvent déclencher sa phagocytose (absorption par des globules blancs). Ils peuvent également activer des protéines dissoutes dans le sang, dont l’effet est la destruction de l’enveloppe des virus. Enfin, ces mêmes anticorps sont capables d’agir en mobilisant des cellules particulières, les cellules dites NK, qui détruisent les cellules infectées par le virus. Toutes ces actions, encore en cours d’étude dans la Covid, jouent sans doute un rôle crucial pour lutter contre le SARS-CoV-2.

Une autre facette des anticorps était redoutée au début de la pandémie. Il s’agit du pouvoir facilitateur de certains d’entre eux qui, loin d’enrayer l’infection, la servent en provoquant l’entrée de virus dans certains globules blancs. Bien connue dans le cas de la dengue, cette éventualité est aujourd’hui considérée comme négligeable pour la Covid.

À la variété des rôles, s’ajoute l’évolution de la population d’anticorps. Les premiers anticorps à circuler sont bien différents de ceux présents trois mois plus tard. Ils sont peu puissants car l’affinité avec leur cible est faible. Mais après un rappel ou une réinfection, les nouveaux anticorps produits sont hyper efficaces contre ce même virus. Leur apparition montre la capacité d’apprentissage de notre système immunitaire.