Séismes en Indonésie : peut-on les anticiper ?

En deux jours, deux séismes de magnitude 7,6 et 6,6 sur l'échelle de Richter ont provoqué la mort de plusieurs milliers d'habitants dans l'archipel indonésien. Cinq ans après le tsunami survenu sur l'île de Sumatra, les scientifiques cherchent toujours comment anticiper de tels phénomènes et prévenir les populations.

Par Romain Lejeune, le 02/10/2009

Une région à fort risque sismique

Les deux séismes au large de Sumatra

Un séisme n'est par nature pas prévisible. Phénomène naturel provoqué par le déplacement de différentes plaques de la croûte terrestre, il est étudié de près dans la zone dite de subduction de l'archipel indonésien, région à risques sismiques élevés. Premier constat, les plaques tectoniques se déplacent régulièrement. « Pour se faire une idée, explique Pascal Dominique, chef de l'unité sismique au bureau de recherche géologique et minière (BRGM), les plaques bougent dans la chaîne montagneuse des Pyrénées de 2 millimètres par an. Au large de Sumatra, c'est de l'ordre de 5 à 6 centimètres dans le même laps de temps ».

Pour autant, tout au long du XXe siècle, la Terre n'a pas beaucoup tremblé en Indonésie. « L'activité de fond a toujours été là, à savoir des séismes de l'ordre de 3, 4, 5, voire 6 degrés sur l'échelle de Richter, mais ceux que nous rencontrons aujourd'hui sont plus puissants, et surtout, plus réguliers », soutient Hélène Hébert, géophysicienne au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), « et cette pression engrangée depuis plus de cent ans se répercute donc aujourd'hui dans des phénomènes d'une ampleur impressionnante. »

Des avancées technologiques

Au cœur de la ville de Padang (Indonésie)

Afin d'espérer anticiper ces séismes, les efforts redoublent dans la région. « Après le tsunami de Sumatra en 2004, tout le monde s'est largement investi pour que cela ne se reproduise pas. Plus de 100 stations sismiques ont été installées sur tous les territoires indonésiens. Beaucoup plus rapides dans le transfert des données, beaucoup plus précis dans les références calculées, ces appareils permettent de détecter les premières ondes d'un tremblement de terre. Ces outils permettent de prévenir les populations, dès les premiers signes, avec une quinzaine de minutes d'avance par rapport aux anciennes méthodes », explique François Schindelé, spécialiste des systèmes d'alerte aux tsunamis dans l'océan Indien au CEA.

Aujourd'hui, d'autres travaux sont en cours : d'ici deux à trois ans, 20 tsunamimètres (capteurs de pression capables de détecter des vagues de très faible amplitude) et 10 marégraphes (stations de mesure du niveau de la mer) permettront de quadriller les zones à fort potentiel sismique de la région.

Prévenir les populations

Sur l'île de Sumatra, la crainte permanente d'un tremblement de terre force à la prévention. « Plus les habitants seront informés des risques, mieux ils pourront s'en prévenir. Il ne faut pas uniquement se baser sur la technologie pour sauver des vies, un vrai travail pédagogique dans ces régions doit être mis en œuvre, estime Hélène Hébert. Un effort doit également être fait dans l'élaboration des bâtiments. Plus ils seront adaptés, moins il y aura de dégâts. Cela demande beaucoup d'investissements, mais c'est une des façons de limiter les pertes humaines. »

À Sumatra, comme ailleurs dans l'archipel indonésien, la lutte contre les séismes se développe donc à deux niveaux : à l'échelle humaine, par les liens créés entre les experts de la prévention et la population ; à l'échelle technologique, par la diffusion de centres d'alerte et d'outils de mesure de plus en plus élaborés. Un travail indispensable à l'heure où les sismologues prévoient encore, pour les prochaines années, de fortes secousses dans cette région du monde.

Romain Lejeune le 02/10/2009