Cosmos-1 : second échec pour le voilier solaire ?

Qu'est-il advenu de Cosmos-1 ?Plusieurs jours après le lancement de la sonde privée expérimentale, le sort du premier « voilier spatial » n'est toujours pas connu.

Par Olivier Boulanger, le 24/06/2005

Mardi 21 juin 2005, quelques minutes avant le décollage, les membres américains de la Planetary Society, organisateurs du projet Cosmos-1, semblent confiants.

Cosmos-1 a été lancé à partir d'un sous-marin immergé en mer de Barents. Coût de la mission : 4 millions de $ provenant principalement de la prime d'assurance obtenue après le premier échec en 2001.

Immergé en mer de Barents (Russie), le sous-marin nucléaire Borisoglebsk est prêt à lancer la fusée Volna – en l’occurrence, un missile modifié – à bord de laquelle a pris place la sonde.

À 19h46 GMT, la fusée prend enfin son envol. Applaudissements dans la salle de contrôle... mais, 83 secondes après le décollage, le premier étage de la fusée connait un incident, empêchant Cosmos-1 de rejoindre son orbite située à 800 km d’altitude.

Où se trouve aujourd’hui Cosmos-1 ? Pour les autorités russes, la sonde a sombré en mer de Barents, près de l’archipel Novaïa Zemlia où les recherches de l’épave ont d’ailleurs commencé.

Mais pour les membres de la Planetary Society, Cosmos-1 a peut-être survécu à son lancement avorté en rejoignant une orbite plus basse que celle prévue. « Des signaux très faibles paraissant émaner de Cosmos-1 ont été détectés par des stations terrestres, souligne ainsi Louis Friedman, le directeur du projet. On ne peut pas vraiment savoir, et c'est pourquoi nous devons analyser ces données et continuer à chercher Cosmos-1 (...) ce qui pourrait durer plusieurs jours. »

« Propulsion photonique »

Cosmos-1 se propulse grâce à ses voiles (600 m²) gonflées par les photons émis pas le Soleil

Perdu en mer ou sur une orbite basse, il semble qu’il n’y ait plus rien à espérer de Cosmos-1. Après un premier échec en 2001, cette nouvelle tentative s’achève donc prématurément, et avec elle, s’éloigne un peu plus l’espoir de voir voguer dans l’espace le premier « voilier solaire »…

Car tel était l’enjeu de la mission. Avec Cosmos-1, Louis Friedman, ex-ingénieur de la Nasa, comptait montrer que la « propulsion photonique » pouvait concurrencer avantageusement les différents types de propulsion chimique utilisés habituellement par les sondes spatiales.

Il s’agissait en l'occurrence d’utiliser la lumière du soleil (c’est-à-dire les photons émis par notre étoile*) pour gonfler littéralement les voiles de Cosmos-1 : huit triangles de 15 m de côté, constitués de Mylar, un film plastique réfléchissant, très fin (environ cinq microns) mais particulièrement résistant. La poussée exercée sur cette surface de 600 m² aurait été très faible, mais elle aurait eu l’avantage d’être continue, si bien qu’au fil du temps, la sonde aurait pu atteindre des vitesses stupéfiantes : 310 km/h après une journée, 16 000 km/h après 100 jours, 36 000 km/h après une année… à condition que la voile ne se soit pas déchirée entre temps.

Après ce second échec, la question ne se pose plus. Et personne n’évoque encore l’hypothèse d’une troisième tentative.

* à ne pas confondre avec le vent solaire qui est un flux de particules (électrons et neutrons) émis par notre étoile.

Olivier Boulanger le 24/06/2005