L’information médicale, une information comme les autres ?

Par Dominique Marchetti, sociologue au Centre de recherches administratives et politiques, chargé de recherche au CNRS.

Par Dominique Marchetti, le 24/07/2003

L'information médicale grand public, sous l'effet des transformations externes et internes au champ journalistique, a connu depuis les années 80 un développement sans précédent. Elle tend à être de moins en moins strictement médicale et à obéir à des logiques externes à l'univers scientifique.

Ainsi, l'émergence médiatique des « scandales » sanitaires ne s'explique qu'en partie par les propriétés intrinsèques des risques. En effet, pour qu'un problème émerge dans les médias, il faut qu'il soit constitué en enjeu politique, économique, scientifique et/ou judiciaire. Le traitement (ou non) du problème par l'État ou le champ judiciaire est une des conditions nécessaires à la mobilisation journalistique.

Le développement des « affaires » de santé publique doit également beaucoup aux mobilisations associatives. La médiatisation de ces problèmes a eu des effets (toujours difficiles à mesurer) sur les perceptions et les attitudes des individus : par exemple, faire évoluer à court ou à long terme les comportements (climat de « psychose » à la suite d'une information donnée, par exemple), l'image publique de « la médecine » (qui est de plus en plus contestée avec le développement du consumérisme) ou encore la perception des risques.

Une chose est certaine : ces « affaires », tout particulièrement celle « du sang contaminé » qui fait figure de modèle, ont surtout contribué à changer la notion de responsabilité chez les "décideurs" et les scientifiques eux-mêmes. En effet, l'affaire du sang contaminé a profondément modifié le droit de la responsabilité comme le montre l'omniprésence aujourd'hui du « principe de précaution » et, corrélativement, la crainte croissante chez les « responsables » de poursuites judiciaires.

Dominique Marchetti le 24/07/2003