Palmarès : les pays et les villes où il fait bon vivre...

Au moment même où les groupes de travail du « Grenelle de l'environnement » rendent leurs propositions, nos confrères du Reader's Digest viennent d'établir un classement des pays et des villes les plus « verts » du globe. Si la France n'y apparait qu'en 16° position, Paris arrive 4° au palmarès des grandes villes où il fait bon vivre.

Par Olivier Boulanger, le 28/09/2007

141 pays passés au crible

Où fait-il bon vivre sur Terre ? Selon le classement que viennent d'établir nos confrères de la Sélection du Reader's Digest, c'est en Finlande – et plus généralement dans les pays scandinaves (Islande, Norvège, Suède) – que l'on peut trouver le meilleur compromis entre préservation de l'environnement et qualité de vie.

Les pays les plus verts...

Dans ce comparatif regroupant quelque 141 pays, la France n'arrive qu'en seizième position. Plus loin dans la liste, le classement met le doigt sur les pays qui cumulent à la fois des conditions de vie difficiles et un environnement dégradé. Ce sont pour la plupart des pays africains. L'Ethiopie arrive ainsi en 141° et dernière position, précédée par le Niger, la Sierra Leone et le Burkina Faso.

« Aimeriez-vous habiter sur un glacier ? »

Économiste de l'environnement à l'Université de Californie (Los Angeles), Matthieu E. Khan est à l'origine de cette étude. Pour le chercheur, classer les pays simplement en fonction de la qualité de leur environnement ne pouvait suffire. « Aimeriez-vous habiter sur un glacier ? » ironise-t-il à ce sujet dans son article. Il fallait donc tenir compte de la qualité de vie de ces mêmes pays. Pour effectuer le classement final, deux indicateurs proposés par les Nations Unies ont ainsi été retenus : l'indicateur 2005 de développement durable (IDD) et l'indicateur 2006 de développement humain (IDH).

L'IDH passe au crible la qualité de vie des pays concernés. Il prend en compte l'espérance de vie, le niveau d'études ou encore le revenu national par habitant. Mais il tient également compte de paramètres plus inhabituels comme le travail des enfants, l'existence ou non d'une convention contre la torture, le nombre de physiciens par habitant…

L'IDD, quant à lui, est le fruit d'une collaboration entre l'Université Yale, le Centre d'information internationale sur les sciences de la Terre à l'Université de Columbia et le Forum économique mondial. Il suit l'évolution de certains indicateurs influençant la durabilité en termes d'environnement et de développement des pays concernés : qualité de l'air, de l'eau… L'enquête du Reader's Digest s'est intéressée à 13 des 21 catégories habituellement décrites par l'IDD.

Les catégories IDD retenues par l’enquête

  1. Risque de pollution de l'eau : mesure l'impact sur l'eau de l'agriculture et de l'industrie, la quantité d'engrais et de pesticides utilisée, ainsi que l'état de la ressource.
  2. Risque pour l'écosystème : combine la mesure de l'évolution des forêts entre 1990 et 2000 avec le pourcentage de terres exposées aux dépôts de SO2 .
  3. Croissance de la population : mesure l'évolution prévue de la population entre 2004 et 2050.
  4. Empreinte écologique : mesure la surface en hectares de terres cultivables par habitant nécessaire pour produire les ressources utilisées et absorber les déchets.
  5. Qualité de l'air : mesure les principaux polluants dans l'air des zones urbaines.
  6. Qualité de l'eau : mesure les concentrations d'oxygène, de phosphore, de particules… par litre d'eau douce.
  7. Biodiversité : note la biodiversité sur une échelle à deux décimales entre 0 et 1. A cette note s'ajoute le pourcentage d'espèces menacées sur le nombre total d'espèces présentes dans chacun de ces groupes : amphibiens, oiseaux et mammifères.
  8. Gaz à effet de serre : combine la mesure d'émissions de CO2 par million de dollars de PIB (en dollars US constants de 1995) avec la mesure en tonnes de CO2 par habitant.
  9. Pollution à l'étranger : combine la mesure des gigagrammes de SO2 produits par chaque pays et diffusés au-delà de ses frontières avec la mesure du ratio des biens et services polluants sur le nombre des biens et services importés.
  10. Efficacité énergétique : mesure la consommation énergétique en térajoules par million de dollars de PIB.
  11. Impact de l'environnement sur la santé : combine les mesures des maladies intestinales, infectieuses et respiratoires avec la mortalité infantile.
  12. Accès à l'alimentation et à l'eau potable : combine le pourcentage de la population ayant accès à l'eau potable et le pourcentage de personnes souffrant de malnutrition dans la population totale.
  13. Vulnérabilité aux catastrophes naturelles : combine le nombre moyen de victimes d'inondations, de sécheresse et de cyclones par million d'habitants avec un index de la Banque mondiale qui mesure l'exposition à des risques naturels majeurs (tels les séismes ou les éruptions).

Aucun pays n’est exemplaire

L'une des leçons de cette étude est certainement qu'aucun pays au monde n'est exemplaire. Certes, la Finlande et les pays du nord de l'Europe arrivent en tête, un positionnement qui s'explique en particulier par la très bonne qualité de leur air, de leur eau ou la présence d'énormes étendues boisées. Mais ces pays pèchent par une empreinte écologique importante et une consommation énergétique beaucoup trop élevée due en partie à leur industrie et à l'exploitation des ressources forestières. À l'inverse, les pays subsahariens – souvent situés en fin de classement – présentent une efficacité énergétique plutôt bonne. Mais ce constat ne saurait faire oublier les nombreux problèmes sociaux et environnementaux – comme un accès difficile à l'eau – auxquels ces mêmes pays sont confrontés.

La France, quant à elle, arrive 16° sur 141. Une place « honorable » due essentiellement à un bon indicateur de développement humain. Cependant, d'un point de vue environnemental, notre pays a encore de nombreux progrès à faire : son empreinte écologique est en effet classée 133° sur 141 !

Nathalie Kosciusko-Morizet

Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, cette situation n'est pas satisfaisante et justifie de mener, « quitte à être impopulaire », certaines actions pour aller plus loin. « La première chose pour laquelle je milite, c'est la fiscalité environnementale, explique Nathalie Kosciusko-Morizet. Ce n'est pas populaire, mais à long terme c'est vraiment efficace. Il y a un autre sujet qui me préoccupeet qui d'ailleurs n'est pas très présent dans cette étude, c'est l'étalement urbain, les banlieues-fleuves. C'est quelque chose contre lequel il faut lutter en privilégiant l'habitat collectif : un objectif difficile lorsque chacun aimerait avoir son propre pavillon avec jardin. Le dernier sujet sur lesquel il faut agir très rapidement, c'est sur les transports. Aujourd'hui, face à la voiture, il n'existe pas assez d'alternatives efficaces, en particulier en banlieue. »

Paris : 4° ville la plus verte au monde ?

Après les pays, les auteurs se sont intéressés à 72 grandes villes mondiales.

Les villes les plus vertes

Pour établir cet autre classement, la méthodologie été quelque peu différente. Les données primaires proviennent de diverses sources comme le Millenium Cities Database for Sustainable Transport (une base de données sur 100 villes réalisée par l'Union internationale des transports publics et publiée en 2001). Celles-ci ont été complétées par des enquêtes réalisées dans chaque pays par les différentes rédactions du Reader's Digest en étudiant les critères les plus variés : PIB par habitant, quantité d'ordures ménagères, prix de l'essence, de l'électricité, qualité de l'assainissement des eaux, du recyclage, taux des particules PM10* dans l'air, nombre de voitures (un caractère négatif !) et de transports en commun (un caractère positif)…

Guillaume Tixier, journaliste au Reader's Digest et co-auteur de l'étude pour la France.

Ici encore, les villes scandinaves arrivent en tête. Stockholm apparaît ainsi en première position, Oslo en seconde. Plus étonnant, Paris arrive quatrième, juste après Munich. « Cela a été la véritable surprise de cette enquête, note Guillaume Tixier, journaliste au Reader's Digest et co-auteur de l'enquête pour la France. Paris doit sa place à la qualité de ses services et à la relative bonne qualité de son air. Il y a très peu d'industrie polluante dans la capitale, et finalement très peu de particules PM10. J'ai également été surpris de constater que 25% de l'espace parisien était constitué d'espaces verts, ce que, en tant que Parisien, je n'avais jamais remarqué. A cela une explication : les cimetières sont comptabilisés comme espaces verts. »

Les PM10 sont les particules en suspension de diamètre médian inférieur à 10 µm. Elles sont généralement retenues comme indicateur de la pollution atmosphérique.

Retrouvez l'ensemble de cette enquête dans le numéro d'octobre de la Sélection du Reader's Digest ou sur le site du magazine.

Olivier Boulanger le 28/09/2007