La démocratie participative au service du climat

Le 26 septembre 2009 a eu lieu la première consultation citoyenne internationale sur le thème du changement climatique. 4400 citoyens ont été sollicités pour un avis sur l'évolution du climat et des politiques à suivre afin d'enrayer le réchauffement de la planète. Pendant 24 heures, 44 meetings se sont tenus dans 38 pays. À l'approche du Sommet de Copenhague, bilan d'une concertation mondiale.

Par Romain Lejeune, le 01/10/2009

Un sondage particulier

Un monde unanime

80% des personnes sondées dans les pays en développement se disent concernées par le réchauffement contre 46% dans les pays riches. Deux tiers des Français souhaitent sanctionner les gros pollueurs. 90% des personnes interrogées dans les 38 pays considèrent qu'il est indispensable de trouver un accord sur le climat lors du prochain Sommet de Copenhague. Au lendemain de la « World Wide Views on Global Warming », l'heure est au bilan.

Changements climatiques et conséquences, objectifs à long terme en vue d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre, moyens technologiques à mettre en place pour répondre à ces objectifs, financement des projets : 5 problématiques divisées en 4 grands thèmes, (traités en 12 questions posées à des citoyens choisis selon des critères d'âge, de sexe, socioprofessionnels, etc.) auront apporté un éclairage sur la position de chacun à l'échelle planétaire.

38 pays et 12 questions

Les pays ayant participé à cette consultation sont les suivants :
Australie, Autriche, Bangladesh, Belgique, Bolivie, Brésil, Cameroun, Canada, Chili, Chine, Danemark, Égypte, Éthiopie, Finlande, France, Allemagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Malawi, Maldives, Mali, Mozambique, Pays-Bas, Norvège, Russie, Sainte Lucie, Afrique du Sud, Espagne, Suède, Suisse, Taïwan, Ouganda, Royaume-Uni, États-Unis, Uruguay, Vietnam.

Les 12 questions posées :

I – Les changements climatiques et leurs conséquences

  • Quel était le niveau de connaissances que vous aviez sur les changements climatiques et de ses conséquences avant de joindre le projet WWViews ?
  • Maintenant que vous avez pris connaissance des diverses évaluations sur les changements climatiques, quel est le niveau de vos préoccupations à leur sujet ?

II – Buts à long terme et urgence

  • Que pensez-vous de l'urgence d'arriver à un accord global sur le climat ?
  • S'il y avait un nouvel accord sur le climat à COP15, est-ce qu'il est primordial que les politiciens de votre pays s'y joignent ?
  • Quels devraient être les objectifs à long terme pour contenir l'augmentation de la température ?
  • Doit-on punir les pays qui ne respectent pas leurs engagements ?

III – Le traitement des émissions de gaz à effet de serre

  • Pensez-vous que l'objectif à court terme de réduction pour les pays de l'Annexe 1 (pays développés) devrait être :
    - Supérieur à 40%
    - Entre 25% et 40%
    - Plus bas
    - Il ne devrait pas y avoir d'objectif
    - Je ne sais pas / je ne veux pas répondre
  • D'après vous, quel devrait être l'objectif à court terme pour les pays au revenu élevé et à forte émission qui ne font pas partie de l'Annexe 1 ?
  • Quel devrait être, selon vous, l'objectif à court terme des pays en développement à bas revenu ?

IV – L'économie de la technologie et de l'adaptation

  • Est-ce que le prix du combustible fossile devrait être augmenté ?
  • Est-ce qu'un système financier global qui générerait des fonds pour les pays en développement devrait être mis en place pour les aider à atténuer les effets et à s'adapter ?
  • Quels pays devraient s'engager à financer dans nouvel accord climatique ?

À chaque pays sa mesure phare

Qui doit s'engager financièrement ?

La richesse géographique du débat a permis la multiplication des idées. Ainsi, les Australiens veulent limiter le réchauffement à deux degrés. A l'est des États-Unis, dans le Massachusetts, l'on souhaite voir les entreprises locales produire sans polluer. Les Vietnamiens aimeraient, quant à eux, que soit établie une taxe sur les pays émetteurs de CO2 réinvestie dans le développement des technologies dites « propres ». Les Italiens encouragent la création d'une structure à but non lucratif proposant des énergies « vertes » à prix réduit. De leur côté, les Français souhaitent l'élaboration d'un programme pédagogique pour sensibiliser le plus grand nombre aux questions écologiques actuelles.

D'une manière plus générale, de grandes orientations se définissent. Favorables à la création d'un organisme de régulation des émissions de CO2, les personnes sondées le sont aussi pour la création d'un fond d'investissement destiné aux problèmes climatiques.

L’enjeu du Sommet de Copenhague

Illustration de Renard

Les organisateurs ont ainsi voulu retranscrire l'avis des habitants de nombreux pays en vue d'influer sur les décisions qui seront prises lors du prochain Sommet de Copenhague. Du 7 au 18 décembre, les  dirigeants de plus de 170 pays y discuteront essentiellement de l'après-Kyoto.

Le protocole de Kyoto, entré en vigueur en février 2005 repose sur le maintien du niveau de diffusion des émissions de gaz à effet de serre à un degré « respectueux de l'environnement ». Chahuté à plusieurs reprises, il arrivera à échéance fin 2012. Sur la liste des pays signataires, les États-Unis font figure de grand absent. Avec l'arrivée du président Barack Obama à la Maison Blanche, la donne pourrait changer, et les concessions en faveur du climat pourraient être plus importantes que sous l'ère Bush. Un espoir justifié quand on sait que les Américains figurent à la deuxème place, derrière la Chine, sur le podium des plus gros pollueurs.

De son côté, l'Office danois de la technologie, institution permanente auprès du parlement du Danemark, comptera bien faire peser sur les décisions finales du Sommet de Copenhague les résultats de cette vaste consultation citoyenne. Un enjeu capital, donc, pour un Sommet mondial au cœur de la Scandinavie.

Romain Lejeune le 01/10/2009