En marge du clonage : les voies thérapeutiques parallèles

Pourrait-on utiliser les embryons surnuméraires à des fins thérapeutiques ?

Embryon au stade quatre cellules

Il existe aujourd’hui dans les laboratoires un nombre considérable d’embryons surnuméraires créés à l’occasion d’un programme d’assistance médicale à la procréation puis laissés par les parents ayant eu les enfants désirés. On pourrait cultiver les cellules de ces embryons, qui ne font plus l’objet d’un projet parental, et les faire se différencier à la demande en vue de les utiliser pour des greffes. Les traitements anti-rejet progressant, il suffirait d’une cinquantaine de lignées cellulaires pour représenter immunologiquement une population caucasienne. Des banques de cellules embryonnaires seraient alors constituées facilement.

En France, la nouvelle loi de janvier 2003 n’autorise les recherches sur l’embryon humain qu’en dernier recours, seulement si elles s’inscrivent dans une finalité médicale. Ces restrictions semblent en contradiction avec l’autorisation d’importer des cellules souches embryonnaires et implicitement de les associer à un protocole de recherche. D’autres pays, comme l’Angleterre, se sont dotés d’une législation beaucoup plus permissive : clonage thérapeutique et recherches sur l’embryon humain y sont autorisés depuis 2001.

Peut-on greffer chez l’homme des tissus animaux ?

Les greffes de tissus animaux sur l’homme, appelées xénogreffes, sont pratiquées depuis près d’un siècle, avec plus ou moins de succès. Face à la pénurie d’organes dont souffrent les personnes en attente de don, elles connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt.

Les recherches sur les xénogreffes s’orientent principalement vers le porc, qui donne déjà des résultats convaincants pour des greffes de peau ou de valves cardiaques. Mais le phénomène de rejet a jusqu’alors fait échouer toute tentative de greffe d’organes entiers. Depuis peu, on sait créer des animaux ne possédant pas certains gènes responsables du rejet. Cela augmenterait les chances de réussite des xénogreffes, et constituerait une alternative intéressante au clonage thérapeutique. Mais ces pratiques comportent certains risques : apparition de virus d’animaux chez l’homme, marchés parallèles d’animaux non contrôlés… Elles soulèvent également une nouvelle question éthique : l’animal peut-il être créé et utilisé comme réservoir d’organes ?

À l’heure actuelle, aucun pays ne s’est encore doté d’une réglementation spécifique aux xénogreffes. La législation française a, quant à elle, prévu un renforcement général des normes de sécurité pour tout produit destiné à être greffé.

La récente découverte de cellules adultes indifférenciées constitue-t-elle une piste intéressante ?

Depuis plusieurs années, on connaissait l’existence chez l’organisme adulte de cellules « souches », générant toutes les sortes de cellules sanguines, ou de cellules de la peau. Indifférenciées, comme à l’état embryonnaire, ces cellules particulières peuvent fournir plusieurs lignées cellulaires, mais pas un individu complet : elles sont dites pluripotentes.

Récemment, les chercheurs ont découvert de telles cellules souches dans d’autres tissus, notamment dans les muscles et le cerveau. Avec ces cellules, on pourrait donc obtenir chez un patient en attente de greffe des tissus de tous types et sans risque de rejet car provenant du receveur. Un résultat semblable à celui du clonage thérapeutique, sans avoir recours à la créa- tion d’embryons humains !

Mais de sérieux obstacles techniques barrent encore la route : cellules rares et difficiles à isoler, différenciation et prolifération mal contrôlées… Alternative séduisante au clonage thérapeutique, le recours aux cellules souches adultes nécessite encore de nombreuses recherches pour être mis au point.

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