Atmosphère : dernières nouvelles du trou dans la couched'ozone

Le trou dans la couche d’ozone a atteint en 2003 un niveau record, conséquence des conditions météo en Antarctique. Il pourrait toutefois se stabiliser à partir de 2010, grâce à l’abandon des gaz nocifs comme les CFC.

Par Marc Bertola, le 02/10/2003

Un trou record dû à la météo

Le trou dans la couche d'ozone.

En septembre 2003, au-dessus de l’Antarctique, le trou dans la couche d’ozone a dépassé les 28 millions de kilomètres carrés. Le trou, qui apparaît chaque année pendant l’hiver polaire (en août/septembre), n’avait pas atteint une telle dimension depuis trois ans, selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).

Ce record n’est pas dû à une augmentation de la quantité de gaz destructeurs d’ozone comme les CFC (chloro-fluoro-carbones). Il s’explique par les conditions météorologiques qui ont prévalu cette année en Antarctique.

Dans la partie basse de la stratosphère (entre 10 et 35 km d’altitude), l’épaisseur de la couche d’ozone peut varier fortement d’une année sur l’autre en fonction des caprices de la météo. Les composés chimiques responsables de la destruction de l’ozone n’agissent qu’à de très basses températures : c’est pour cela que le trou se forme pendant l’hiver polaire. Or, en 2003, la zone de grand froid au-dessus de l’Antarctique a été plus étendue que d’habitude, ce qui a accru la taille du trou.

L’année précédente, le phénomène inverse s’était produit : des températures inhabituellement chaudes avaient contribué à réduire le trou, qui était tombé à « seulement » 15 millions de km2... A cause de ces variations climatiques d’une année sur l’autre, il est difficile de cerner l’évolution à long terme de la couche d’ozone.

À quoi sert la couche d’ozone ?

L’ozone présent dans la haute atmosphère (entre 15 et 45 km d’altitude) joue un rôle de bouclier, en absorbant les rayons ultraviolets (UV) du soleil. Quand la couche d’ozone se réduit, la quantité d’UV augmente à la surface de la Terre, avec des effets néfastes pour la santé (brûlures superficielles, conjonctivites, cancers de la peau dans les cas les plus graves) et l’environnement (perturbation des végétaux et de la vie marine).

Lueur d’espoir dans la haute stratosphère

Pour savoir si l’état de la couche d’ozone s’améliore ou empire sur le long terme, des chercheurs de l’université d’Alabama ont étudié l’évolution de la quantité d’ozone dans la partie la plus haute de la stratosphère, entre 35 et 45 km. A cette altitude, l’ozone est beaucoup moins exposé aux fluctuations de la météo, et les conditions de température sont plus stables. Il est donc plus facile de tirer des conclusions sur l’évolution de la couche. En analysant des données provenant de satellites de la Nasa et de stations d’observation terrestres, les chercheurs sont parvenus à une conclusion rassurante : la couche d’ozone diminue de moins en moins vite. Le rythme de diminution de la couche dans la haute stratosphère était de 8 % par décennie entre 1979 et 1997, et de 4 % par décennie entre 1997 et 2002. Selon les auteurs de l’étude rendue publique en juillet 2003, ce ralentissement montre les effets bénéfiques de l’interdiction des gaz destructeurs de la couche d’ozone. La Nasa y voit « la première étape d’une reconstitution de la couche d’ozone ».

Le trou « comblé » en 2050 ?

Les gaz destructeurs de la couche d’ozone (CFC, chlore, bromure, halons) ont été progressivement éliminés dans les pays industrialisés après la signature du Protocole de Montréal, en 1987. Ils doivent disparaître des pays en voie de développement d’ici 2010. Mais leur durée de vie dans l’atmosphère étant de plusieurs dizaines d’années, le trou dans la couche d’ozone ne devrait commencer à se résorber qu’à partir de 2010. Les scientifiques estiment que la couche pourrait retrouver en 2050 son niveau d’avant les années 80… Si tout va bien. Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a appelé en septembre à la vigilance : certains pays, souligne-t-il, ne respectent pas les règles du protocole, et il existe dans le monde un commerce illicite de CFC. Enfin, on recherche toujours des produits de substitution pour certains gaz interdits comme le bromure de méthyle.

Qu’entend-on réellement par « trou » ?

Le « trou » dans la couche d’ozone est en réalité une diminution de l’épaisseur de la couche. Celle-ci se mesure en unités Dobson (du nom d’un scientifique qui étudia l’ozone atmosphérique). L’épaisseur normale au-dessus de l’Antarctique est de 300 unités Dobson. La zone où cette épaisseur est inférieure à 220 unités Hobson constitue le « trou ». Selon les années, la couche peut perdre jusqu’aux deux-tiers de son épaisseur et tomber à 100 unités Hobson.

Marc Bertola le 02/10/2003